Suite.

Nous arrivâmes devant la chambre de Toshiro, trempés jusqu'aux os. J'attendis alors qu'il ouvre la porte.

Je me glissai dans le lit de Toshiro et me couvrit avec sa couverture, m'adossant au mur. Sa chambre était rangée, propre. Il devait beaucoup l'entretenir. Au dessus de ma tête était suspendu un bâton, en face il y avait ce que je supposais être un bureau ; des livres de sport et de médecine y étaient entassés.

« Qu’est-ce que c’est que ce bâton ? Tu t’en sers pour battre les filles qui ont fait la grave erreur de pénétrer dans ta chambre ? »

Je ris, bien sûr que non, il ne servait pas à cela, mais il m’intriguait tout de même. A quoi pouvait-il lui servir ?

Son sourire me rappellait la fois où il m'avait embrassé et je repensai une nouvelle fois à tout cela. Je regrettai ensuite d'y avoir été aussi vite avec lui, après tout nous aurions pu devenir ami avant d'en venir aux rapports sexuels, mais bon, il était déjà trop tard.

Je regardai le bâton ; était-il comme celui des contes que ma racontait ma mère lorsque j'étais enfant ? Etait-il magique ? Je souris à mon tour à Toshiro. J'observai alors son visage pour la première fois. Ses traits étaient fins et j'en mémorisai chaque détails. Il avait un joli visage, vraiment très joli.

Je me dirigeai donc vers la petite salle de bain personnelle de Toshiro et commençai à me déshabiller. J'ouvris la porte de la douche et me glissai à l'intérieur de la cabine avant de faire coulisser la porte vitrée à nouveau. Je règlai la température sur tiède, le temps que mon corps s'habitue et augmenté la chaleur peu après. Cela me faisait un bien fou. Je me mis à chantonner un air que ma chantait ma mère lorsque j'étais enfant et je repensai une nouvelle fois au baisé de Toshiro. La sensation de ses lèvres contre les miennes était magique.

Je ne sortis de la douche qu'une bonne demi-heure plus tard. J'étais dégoulinante d'eau. Je cherchai une serviette durant de longues minutes pour pouvoir me ressuyer, mais en vain. Je sortis de la salle de bain avec précautions, marchant sur la pointe des pieds pour ne pas glisser, entièrement nue ; mais avec ma chance habituelle, je trouvai tout de même moyen de glisser pour ensuite m'étaler sur le sol comme une vieille carpette.

« Tu-Tu aurais une serviette pour moi ? »

Je restai étendue sur le sol et me mis à rire.

Lorsque Toshiro revint, j'étais allongée dans son lit, comme il me l'avait proposé quelques minutes plus tôt. Je me relevai en le voyant arrivé. Je me dirigeai vers lui, sa serviette enroulée autour de ma poitrine et descendant jusqu'en haut de mes cuisses. Je relevai alors les cheveux qui lui cachaient le visage. Une fois ses cheveux remis en place, je laissai ma main sur sa joue, je ne parvenais pas à la retirer, comme si elle y était collée, c'était plus fort que moi, je n'y arrivais pas. Je rougis, sans trop savoir pourquoi. Je ne comprenais pas. Pourquoi ne pouvais-je pas retirer ma main de sa joue ? Cela ne faisait qu'une journée que nous nous étions rencontrés, je ne pouvais donc pas être tombée amoureuse.

Je me souvins alors de ce que Shin m'avait dit à propos de l'amour ; il m'avait dit qu'aimer quelqu'un c'était comme être le miroir de l'autre. Je lui avais alors demandé si j'étais son miroir et il m'avait répondu que cela dépendait de comment, moi, je le considérais. Toshiro était-il mon miroir ? Non, c'était impossible. Nous nous connaissions à peine et je n'étais pas de ce genre de filles qui croyaient au coup de foudre, mais après tout, pourquoi pas ? Non, c'était absurde, complètement stupide, j'étais une prostituée après tout, je ne pouvais pas l'aimer et puis, même si je l'aimais, je ne pouvais pas le lui dire, car même si nous sortions ensemble, je n'arrêterais pas mon travail et je n'étais vraiment pas sûre qu'il accepterait ce genre de situation. Bien sûr, il ne savait pas que je me prostituais et, après tout, tant mieux, mais je ne voulais pas lui mentir, je ne voulais pas être de ces filles qui trompent leur petit ami. Je ne voulais d'ailleurs même pas avoir de petit ami.

Et pourtant, pourtant je ne pouvais m'empêcher de me sentir bien avec lui, mais je me sentais bien avec Shin et Logan et avec eux deux, c'était clair, ils étaient mes amis, rien de plus ; Shin plus que Logan d'ailleurs. Et pourtant, avec Toshiro, c'était différent. Je ne comprenais pas.

Cette sensation, cette sensation de bonheur. Cette impression, cette impression d'avoir le cœur léger, si léger. Cette envie, cette envie que le temps s'arrête sur cet instant.

J'avais voulu ressentir cette sensation à nouveau, mais n'avais pas eu le courage moi-même de faire le premier pas. Cette impression me faisait tant de bien, j'avais l'impression d'être légère, de pouvoir flotter dans les airs si l'envie m'en prenait. Cette envie, je voulais tant qu'elle se réalise, je ne voulais pas que cet instant magique s'achève. J'étais bien, si bien ; je n'avais jamais été aussi bien.

Et pourtant, je savais, je savais que notre cœur nous jouais parfois de bien mauvais tours, oui, je le savais. Je croyais ne pas l'aimer, ce n'était pas possible, je ne pouvais pas aimer et encore moins être aimée. Et si je l'aimais, je ne pouvais quand même pas le lui dire, mon métier passait avant tout ; c'était grâce à lui que je n'oubliais pas ma mère. Ma mère, ma mère aimait mon père, cela sautait aux yeux, ce n'est qu'après sa mort que tout a dérapé, mais moi, je n'avais jamais aimé avant de me prostituer, jamais. Ma mère ne s'était jamais arrêté de faire ce qu'elle faisait, jamais ; du moins c'était ce que je croyais. Alors moi qui n'avais jamais aimé, que devais-je faire ? Tout arrêter ? Mais qu'en penserait ma mère ? Je ne pouvais pas, non, je ne pouvais pas m'arrêter là, je n'avais pas le droit. Je ne voulais pas décevoir ma mère. Je devais être comme elle, même si cela me déplaisait, pour lui montrer que je ne l'oubliais pas, que j'étais toujours sa fille et je la surpasserai, un jour, j'aurai assez d'argent et là, je rentrerai chez moi et l'emmenerai avec moi, je la sortirai de ce trou à rats et ce jour-là, nous arrêterons enfin notre terrible besogne, ensemble. Nous devins tout arrêter, ensemble. Pas elle sans moi, ni moi sans elle. Nous devions nous serrer les coudes malgré la distance qui nous séparait.

Je sortis de mes rêveries et contemplai à nouveau Toshiro. Si je lui avouais mes sentiments, accepterait-il la situation ? Accepterait-il que je continue à me vendre à d'autres que lui ? Mais si je ne l'aimais pas, que devais-je faire ? Je n'étais plus sûre de rien. Moi qui n'avais jamais aimé, moi qui n'avais jamais été aimée, je ne savais pas vraiment ce qu'était aimer. L'aimais-je ? Je ne savais pas et je ne le saurais certainement jamais.

Je repensais alors à mon grand père. Cet homme-là que l'on pouvait trouver étranger aux premiers abords, qui m'avait aidé à reprendre courage lors des moments les plus difficiles. Il me manque terriblement. Son bâton était la seule chose qui restait de lui. Mais...J'avais l'impression qu'il était encore vivant, mais à l'intérieur du bâton. Cela peut paraître bizarre, mais il n'avait jamais froid même si sa peau était toujours chaude. Etant donné que le bâton était toujours chaud, il y avait peut-être un lien entre les deux. C'est grâce à lui que j'ai connu mon premier amour, à 15 ans. Je venais dans son village. Il était magnifique. La-bas, il y avait une jeune fille de 15 ans, Irika. Elle ressemblait beaucoup à Akuro. On s'est immédiatement compris et ca a duré quelques mois, car je devais repartir chez ma mère aprés. C'était un sentiment bizarre, que je n'avais presque jamais éprouvé.



Maintenant, j'ai l'impression que c'était la même chose. Mes lèvres se rapprochaient. Je ne savais plus quoi faire, ayant peur qu'elle le prenne mal. Finalement, je me rapprochais encore, et je touchais ses lèvres. C'était une belle sensation. J'hésitais à lui avouer mes sentiments, et je lui dis alors, finalement:

"Akuro...Tu es si belle"

Je rougissais complétement, je ne savais vraiment plus trop quoi faire. Je lui regrettais de ne pas avouer mes sentiments, mais j'étais encore trop timide.

« To-Toshi-Toshiro, je... »

Je n'achevai pas ma phrase, car à vrai dire, je n'avais pas le courage de le faire. Et puis, je n'étais même pas sûre de ce que j'allais lui dire. Nous nous connaissions à peine et nous avions couchés ensemble dès le premier jour. Nous nous connaissions à peine, mais pourtant mon cœur battait à tout rompre lorsqu'il était à mes côtés. Nous nous connaissions à peine et pourtant, pourtant...

Tant de choses incompréhensibles, tant de choses invécues jusque là. Je ne comprenais pas bien. Les sentiments qui me submergeaient étaient plus fort que moi. Refusais-je en fait d'admettre la vérité ? L'aimais-je ? Après tout, pourquoi serait-ce impossible ? Mais je ne voulais pas, non je ne voulais pas l'aimer, je ne voulais pas prendre le risque de tout foutre en l'air. Mon métier, ma mère, notre amitié ; je ne voulais pas perdre tout cela. Au fond de moi, mon cœur criait.

« To-Toshi-Toshiro, je... »


Je pense qu'elle devait être trop timide, et je ne voulais pas être aussi brutal. Je ne voulais pas la forcer à m'aimer, à faire des choses qu'elle n'aimait pas. C'est ainsi que je recula d'un pas. Je la regardais. A chaque fois que je la voyais, tout était étrange, mais agréable. Je voulais que l'on sorte un peu. Alors, je lui dit:



"Euh, Akuro..J'avais prévu de faire un tour à la plage, voir comment elle est, le temps est surement revenu comme avant. Si tu veux m'accompagner tu peux."



Je lui adressais alors un petit sourire, pas un sourire coquin, pas du tout, mais un sourire agréable. Je l'aimais beaucoup et j'espérais que ce soit pareil pour elle..

Je retirai doucement ma main de sa joue et me dirigeai vers la salle de bain. J’étais alors sèche et pouvant enfin aller me rhabiller. J’attrapai mes vêtements et les enfilai rapidement. Une fois cela fait, j’attrapai Toshiro par le bras, le sorti de sa chambre de force, attendit qu’il referme la porte, pris sa main et commençai à courir dans les couloirs, descendant les trois volées d’escaliers à vive allure, c’était aussi en courant que nous sortîmes du lycée et parcourûmes les rues avant d’arriver à la plage.

A suivre.

Je regardais Shiro préparer la table. Il posa un joli gâteau au chocolat sur la table. Il semblait délicieux que j'en avait les larmes aux yeux. Il prépara ensuite un thé dont l'odeur me parvint rapidement au nez. Je poussais un énorme soupir, attendant le retour de Shiro. Il s'assit, le thé en main. Je lui dit calmement :

"Ca me fait plaisir de te revoir. Comme ça on apprendra à mieux se connaître. La dernière fois je suis partie un peu rapidement. Désolée. Alors...quels sont tes goûts ? Tu peux tout me dire.", dis-je en souriant.

J'attendais sa réponse, espérant qu'il ne soit pas trop gêné par mes manières. J'avais vraiment envie de le connaître.

Ma chambre était bien rangé, heuresement. Je ne suis pas le genre de gars qui ne range jamais sa chambre, qui s'en fiche du désordre...Non, j'aime pas vraiment cela..Tout en prenant une petite gorgée de thé, je lui répondis alors:



"Eh bien...J'aime le sport, et j'adore bouquiner. Et toi?"



Je regardais ensuite Estelle, et je remarquais que son visage était si beau, comme ses cheveux, avec un joli sourire que j'aimais beaucoup..

Shiro aime les livres ? Intéressant. Et le sport ? Mais ça dépend de quel sport... Est-ce que je me risque à lui dire mes goûts. Bon, tentons le diable. J'espère que ça ne le dégoûtera pas...

"Euhm...j'aime aussi les livres. Je lis de tout, des mangas, des romans, la presse étrangère...et aussi tous les genres...mais passons. En sport, je suis très arts martiaux, mais aussi handball et rugby...je sais que ce n'est pas très fille, désolée. Et toi ?

J'observais la pièce. Rien n'était par terre, tout était rangé. Je n'en revenais pas. Si Shiro voyait ma chambre, je crois qu'il ferait une crise cardiaque. Entre les soutiens gorges qui traînent partout, les plats à moitié lavé, les livres sur le lit.....il ne fallait pas y penser !

Je la regardai et lui répondait ensuite:



"Le football et le basketball, tout simplement. Et tu n'as pas à t'excuser, chacun sa passion, hein."



Je lui fis ensuite un sourire, elle n'avait pas à s'excuser pour ca. Je coupa ensuite une part de mon gâteau et en prit un petit bout. Il était vraiment bon. Je regardais ensuite Estelle, en espérant qu'elle ne soit pas trop gênée de se retrouver chez quelqu'un d'autre, je voulais simplement qu'elle soit à l'aise, en gros qu'elle se comporte comme si c'était chez elle..

Quand Shiro me fit un sourire, je ne savais plus où me mettre. Il était vraiment mignon, attentionné...pas comme Eden, qui m'avait roulé dans la farine. Avec Shiro, je n'avais pas l'impression que je devais me méfier. Devais-je lui poser la question qui me brûlait les lèvres ? J'avais peur qu'il me dise que oui, mais... Il valait mieux lui demander. Juste au cas où. Eden m'avait bien jeté de la poudre aux yeux. Je triturais la cerise qu'il restait dans mon assiette.

"Dis...Shiro...euhm.... est-ce que...tu...tu...je...enfin... AS-TU UNE PETITE AMIE ?"

*Je l'ai dit ! Je l'ai dit ! Je dois m'enfuir*

"Désolée, n'y pense plus ! Je suis sûre que tu en as une, vu que tu es sympa, mignon...je...je vais te laisser !"

Je commençais à trembler, essayant d'attraper la poignée de la porte de la chambre...

Je regardais Estelle en train de me poser cette question. Je savais qu'en lui répondait, elle n'allait plus se comporter comme maintenant, aussi gentil, aussi cool avec moi. Pendant qu'elle me posait ces questions, je débarassais la table, puis m'assis alors sur le lit. Je lui répondis alors:



"J'en ai une, oui, elle s'appelle Akuro"



Juste aprés, en entendant la seconde phrase, je la regarda, fis un sourire et rougis un peu, puis lui dit:



"Mignon, moi?Non, je ne suis pas si mignon.."

Je m'arrêtais, devant le pas de la porte, paralysée par la réponse que je venais d'entendre. Des larmes me montaient aux yeux. Je n'osais pas regarder Shiro dans les yeux. Je ne voulais pas qu'il me voie comme ça. Cette Akuro a bien de la chance. Des larmes se mirent à perler sur mes joues. Je dis alors d'une voix tremblante :

"Si tu es mignon. Tu ne le vois pas. Dis, on...on...pour-ra rester amis, mal-gré tout ? Je-je suis désolée de t'avoir posé cette question. A plus tard."

Je partais, fermant doucement la porte de la chambre de Toshiro. Mes larmes coulaient à flots. Je courrais dans les couloirs, jusqu'à ma chambre. Une déception amoureuse de plus. Je suis maudite.