C’était une journée à priori comme les autres. A un détail près : ce jour-là, tandis que je me rendais à l’un de mes rendez-vous, il pleuvait à torrents, ce qui n’était pas étonnant vu le temps caniculaire des derniers jours. De quel rendez-vous s’agissait-il ? Voyons, vous ne devinez pas ?

Ce matin-là, mon réveil avait sonné très tôt dans le début de la journée. Je m’étais levée sans me presser. J’avais pris une bonne douche avant de me vêtir d’une robe courte et légère au large décolleté. J'ouvris la fenêtre et me rendis compte qu'il faisait d'un froid glacial à l'extérieur. J'enfilai donc une longue veste, ouverte jusqu'en dessous de ma gorge, laissant apparaître ma poitrine et mes jambes dénudées. Je sortis alors enfin de ma chambre, direction : l’hôtel.

Cela faisait maintenant plusieurs jours que je n’avais plus couchés pour de l’argent. Certes, ma dernière fois ne remontait pas à si longtemps que cela, mais quand on a besoin d’argent, une absence au « boulot » n’est pas idéale, surtout dans le domaine que j’exerçais.

J'arrivai devant l’hôtel après une longue heure de marche, mitraillée par la pluie. En face du bâtiment se trouvait un banc en bois. Sur ce banc était assis un jeune homme : le jeune homme, celui à qui j’avais donné rendez-vous. Je remarquai alors qu’il tremblait. Avait-il froid ? Je me dirigeai doucement vers lui et posai ma main sur son épaule.

« Salut, toi. Je ne pensais pas que tu viendrais. Cela te dirait qu’on aille se réchauffer à l’intérieur ? »

Je lui souris, me penchant par-dessus le banc, dévoilant ainsi mon large décolleté.

'' Lorsque le jour viendra, je repartiras '' Renaud.

'' Un hôtel, deux personnes, un lit. Pas dur à deviner. ''

Une tiédeur sur l'épaule, quelque chose de chaud et doux à la fois, plus rassurant de ce vent glacial et terne qui s'abattait à l'extérieur. Non, la, c'était une main délicate, c'est sur. Mais celle de qui. Levant légèrement sa tête, le jeune homme ouvrit ses mirettes pour avoir une vue sur un large décolleté. Erwan déglutit sans rougir pour l'instant, et posa son regard sur les yeux, couleur amande, de la demoiselle. Elle était joliment habillé, quoiqu'un peu provocante, ce qui laissa émerger, à Erwan, une idée du pourquoi du comment, elle l'avait invitée ici.

La lune était encore dressée en haut du ciel, laissant percevoir, quelques trainées argentées sur le sol. Le jeune homme se leva au bout d'un moment, le silence ayant fait perdre son assurance, il prit la main de la jeune fille pour la retrouver, frissonnant quelques peu. Il lui répondit, lui lançant un regard aguicheur :

- Oui, il fait vraiment froid. La chaleur du corps est la meilleure je pense.

Une fois cette phrase sorti, il serra la main de la Miss, venant entrer dans le batiment. Une fois à l'intérieur, une chaleur presque étouffante, entoura les tourtereaux, les enveloppant d'une aisance jamais connu. Le hall était immense et pourtant si bien chauffé, l'accueil semblait chaleureux. C'est avec assurance qu'il se dirigea vers la bas, allant prendre les clés de la chambres :

- Merci Mon bon monsieur.

Il continua d'entrainer la jeune fille, l'attirant jusqu'à devant leur numéro de chambre, passant la carte à l'intérieur pour faire ouvrir la porte automatiquement. Et la, un choc visuel. La chambre était des plus luxueuses qu'on pouvait imaginer, c'était beau, magnifique un peu trop rouge, mais vraiment charmant.. Une note positive pour débuter la soirée..

Le jeune homme pris doucement ma main entre les siennes et me gratifia d'un sourire, comme pour me prouver qu'il avait compris mes intentions. Il précisa ensuite que la chaleur du corps était la meilleure lorsqu'il s'agissait de combattre froid pareil à celui que nous étions alors en train d'affronter.

Nous entrâmes alors dans l'hôtel, étouffés par la chaleur soudaine qui émanait du bâtiment. Il prit les clés et remercia notre hôte. Il ne lâcha pas ma main, me faisant voyager dans les larges couloirs de notre refuge à son gré. Nous arrivâmes alors devant le lieu tant attendu. Il glissa la clé dans la serrure de la porte et celle-ci s’ouvrit sans le moindre bruit. La chambre était d’un luxe sans pareille, je n’avais jamais rien vu de tel. Pour une fois, j’allais pouvoir exercer mon travail dans un endroit approprié, où même si l’on nous découvrait, personne ne pourrait rien nous dire. C’était d’ailleurs la première fois que je pouvais vendre mon corps sans m’inquiéter d’être vue ou entendue.

Le lit était beau, drapé d’une façon commune à la bourgeoisie. Les oreillers, la couverture, le canapé étaient rouges. Tout dans la chambre était imprégné de cette couleur vermeille, même les rideaux par lesquelles filtraient les quelques rares rayons de soleils qui osaient encore faire acte de présence en ce jour si peux radieux. Glacial, le temps était glacial ; mais au dehors, pas au-dedans.

Je tirai le jeune homme à l’intérieur de la pièce en souriant, l’entraînant doucement vers le lit, me retournant une fois arrivé à son pied et le poussant doucement, le faisant basculer sur la couverture, laissant ses jambes pendre mollement le long de l’armature en bois. Je m’assis à califourchon sur lui. Je ne fis tout d’abord rien, attendant de voir si mon client désirait s’amuser seul avant que je m’occupe de lui ou non.