Je la regardais, elle était en train de m'expliquer tout son passé, et je m'en doutais même. Cette histoire de prostitution, je connaissais maintenant tout. Je resta silencieux un moment, puis la regarda et lui dit finalement:



"Akuro, je comprend mieux, et je m'en doutais même, depuis la première fois que l'on s'est vu. J'imagine qu'au fond de toi, ca doit te faire mal. Je ne te connais peut-être pas depuis longtemps, mais je sais que tu as un grand coeur"

« A ton tour de me raconter ton enfance, Toshiro. »

Je voulais changer de sujet, aussi vite que possible. Je m'efforçai de lui sourire comme si ce mode de vie me convenait tout à fait, mais ce n'était pas le cas, ce n'était pas du tout le cas.

Ma gorge se noua, les battements de mon cœur s'amplifiait. Le temps semblait s'être arrêté, j'avais froid. Pourquoi quelqu'un d'aussi gentil que lui n'avait il pas mérité une meilleure vie ? Pourquoi la vie lui avait elle arraché tout ce qu'il possédait ? La fatalité. Il n'avait rien fait pour mériter cela, il aurait dû vivre heureux avec ses deux parents. La fatalité. J'aurais dû, moi aussi, vivre heureuse avec mes deux parents ; mais lui était seul et moi, je n'avais plus que ma mère. La fatalité.

J'ai toujours entendu dire, que même dans les ténèbres les plus profondes, subsistaient une infime partie de lumière. Nous avions touchés le fond, lui comme moi, mais pas pour les mêmes raisons. Je lâchai la main de Toshiro et posai la mienne sur sa joue.

« Pourquoi es-tu si gentil avec moi ? »

Je ne comprenais plus rien. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir apaisée lorsqu'il était à mes côtés, mais pourquoi ? Pourquoi me sentais-je aussi bien avec lui ?

Les battements de mon cœur s'accélèraient de plus en plus. Je mourrais d'envie de l'embrasser à mon tour, mais je n'avais pas le courage de le faire. Plus je le regardais, plus j'avais l'impression de l'aimer. Etait-ce cela que l'on appellait avoir un coup de foudre ? Je retirai ma main de sa joue et glissai mes bras derrière lui, le serrant contre moi. Que devais-je faire ?

A ce moment là, lorsque ses lèvres avaient touché les miennes pour la troisième fois, j'en étais alors sûre, je l'aimais, j'aimais Toshiro, mais que faire ? Si je lui disais, il me demanderait sûrement d'arrêter de me prostituer, mais je ne pouvais pas le faire et il le savait très bien. Et pourtant, je voulais lui dire, je voulais qu'il sache ce que je ressentais pour lui. Je devais lui dire que je l'aimais, oui, je devais le lui dire.

« Toshiro, je... »

Ce moment était si agréable, je voulais même qu'il dure toute une heure, afin d'en profiter le maximum. Je l'aimais, même si j'étais trop timide pour l'avouer et lui déclarer mes véritables sentiments. Elle commencait alors à me dire "Toshiro, je...", mais j'allais me lancer aussi. Je lui déclara alors, tout en la caressant:



"Akuro, j...Je t'aime"

Je ne dis rien, me doutant qu'il avait compris ce que j'avais voulu lui dire. Je me contentai de l'embrasser. J'avais embrassé quelqu'un pour la première fois, j'aimais quelqu'un pour la première fois et j'étais aimé de quelqu'un pour la première fois. J'aurais voulu que cet instant dure toujours, qu'il ne se termine jamais. Je me sentais bien, si bien.

Je me rappellais de la première rencontre. Je n'étais pas complétement tombé sous son charme. Mais le temps passa si vite, et c'était tellement agréable. Je l'embrassais une nouvelle fois, mais cela durait un peu plus longtemps et c'était plus agréable. Je la regarda ensuite, puis lui dit:



"Tu es si douce.."



Je me levais ensuite, la chaleur revenait. Je lui proposais de venir se baigner un peu.

Je pris sa main dans la mienne et courru en direction de l'eau. Je lâchai la main de Toshiro et je plongeai dans ces grandes profondeurs aquatiques. La plage, le soleil, la mer et Toshiro ; que demander de plus ?

Je le serrai contre moi.

« Je regrette tant que tout ce soit passé aussi vite. Si j’avais su que l’on en sera là aujourd’hui, je n’aurais pas fait ce que j’ai fait hier. Je suis désolée, Toshiro. »

Des larmes coulèrent silencieusement le long de mes joues, descendaient ensuite le long du torse de Toshiro et terminaient leur course effrénée en se noyant dans la mer.

Je le serrai plus fort contre moi.

« Je suis désolée, Toshiro. Je t'ai avouai mes sentiments mais, malgré cela je... »

Je m'interrompis un bref instant avant de reprendre.

« Je ne peux pas abandonner mon travail et je t'en ai expliqué les raisons. »

Je me mordillai les lèvres, rongée par la culpabilité.

« Et pourtant, pourtant je sais que tout cela va te faire souffrir. »

Ma gorge se noua.

« Si-Si ce n'est pas dé-déjà fait. »

Ca me faisait tout de même mal. Elle m'avouait tout ce qu'elle pensait. Elle allait donc continuer son métier. Je ne savais pas trop quoi répondre à cela. Finalement, je regarda et lui dit la vérité:



"C'est dommage. Mais, malgré cela, je veux encore être à tes côtés, même si ca sera moins souvent, je t'aime quand même Akuro"



Je ne voulais pas que ca s'arrête, ca venait de commencer..

« To-To-Toshiro. »

Les larmes me montèrent aux yeux, non, pas parce que j'étais triste, bien au contraire ; mais parce que j'étais heureuse, heureuse qu'il m'accepte comme j'étais, heureuse qu'il ne me demande pas choisir entre lui et mon travail.

« Me-Me-Merci. »

Le soleil commençait à se coucher, signe qu'il commençait à se faire tard.

« On ferait mieux de ne pas tarder, je pense que le lycée va bientôt fermer ses portes. »

Je le serrai contre moi une nouvelle fois. Je ne voulais pas le quitter si vite, mais nous n'avions pas le choix. Si nous ne revenions pas, l'école préviendrait sûrement nos parents et nous courrions tous deux de graves ennuis.

Le temps était donc passé si vite, on rentrait finalement au lycée, de peur qu'il ferme ses portes. On se dirigeait rapidement vers le lycée, arrivé. Je ne voulais pas la quitter maintenant. Qu'allais-je faire dans ma chambre, seul ?



"Nous voilà arrivés.."



Apparement, on était les seuls. Les autres élèves étaient déjà rentrés. Tant mieux pour eux..

« Bon, et bien c'est ici que nous nous quittons, j'espère que nous nous reverrons bientôt. »

Je l'embrassai et le serrai dans mes bras, regrettant que la journée ait été aussi courte.

« Que vas-tu faire quand nous nous serons quittés ? »

Je l'embrassais tendrement, profitant de ce moment, avant de la quitter. La nuit allait bientôt tomber. Elle me demanda ce que j'allais faire. Je lui répondis, tout en la caressant:



"J'en ai vraiment aucune idée, je vais m'ennuyer sans toi. Et toi, que comptes-tu faire ?"

« Je ne sais pas encore, je ne suis même pas sûre que je vais faire quelque chose. »

Je lui souris.

« Je t'aime, Toshiro ; ne l'oublie jamais. »

Je lui rendis un sourire en lui disant:



"Moi aussi je t'aime"



[End]