Réveil difficile à la maison. Jeter d'oreiller sur la gueule pour commencer ma journée. Café trop chaud pour continuer. Petites soeurs pénibles et surexcitées. Quoi de mieux pour vous faire regretter de vous être levée. Journée de cours mais trop passionnante sérieux. Non mais j'aime les cours. Tant que je vois pas ma soeur, j'aime les cours. Mais quand je la vois en minijupe extra courte genre "je montre ma culotte à tout le monde" j'ai honte. Ouais, parce que moi, oui, même MOI, je ne mets pas des trucs aussi courts. Je comprends qu'elle adore cette jupe parce qu'elle est toute rose et qu'il y a un chat dessus tout mignon tout cute, mais ce n'est pas une raison pour mettre ce truc dix fois trop court ! Elle fait pitié c'te meuf. Le pire, c'est quand je me dis que c'est ma soeur quoi. RAAAAH LA MEGA HONTE. JE. VAIS. FAIRE. UNE. DEPRESSION. Faut que je parte. Loin, loin de cette sale gamine qui me fait honte et de l'autre excitée du lancer d'oreiller. Ouais. Je vais aller à l'hotel. Tranquille. Sans soucis. Passer une bonne nuit loin de ces deux monstres de stupidité profonde.

A la fin des cours je me dirigeais dans un hôtel dans lequel j'avais réservé une superbe chambre un peu plus tôt, d'ailleurs, la secrétaire avait une voix extrêmement aiguë. Elle sortait la phrase toute faite du : "Vous souhaitez faire une réservation?" On aurait dit une machine, un robot, qui répète la même phrase en boucle à longueur de journée. Ça doit être tellement lassant.

C'était une chambre un peu isolée des autres apparemment, et parfaite pour se détendre ! Une fois dans le hall d'accueil, je me renseignais sur le numéro de ma chambre avant de m'y rendre. Mais. Pourquoi une jeune demoiselle se trouvait juste devant ? Je m'approchais un peu, la regardant de la tête aux pieds.

"H-Heu, bonjour Mademoiselle."

Je pris un instant pour observer la chambre. Parce que pour l'instant, je n'avais regardé que la demoiselle qui apparemment, prenait ses aises. Ça ne me gênait pas. Juste que. Que... Que quoi déjà ? Ah zut, j'ai oublié.
Bref, c'est sans importance. Non. Aucune. Moi, tout ce que je voulais, c'était me reposer. Donc si la demoiselle voulait rester, pas de problème tant qu'elle ne m'explosait pas les oreilles en courant partout.

"Bonjour belle inconnue. Ai-je pris votre chambre par erreur ? Si c’est le cas, je m’en excuse. On m’avait dit qu’elle était libre…"

Ok. Je réserve une chambre et on la file à tout le monde. LOGIQUE. Non mais genre quoi. L'autre femme a la voix aigüe à un petit problème d'audition ou de compréhension non ? Encore, là, j'avais de la chance. Imaginer si c'était un vieux bonhomme tout moche et tout bizarre ?
Bon. Toute façon, ce qui est fait, est fait. On ne peut pas retourner dans le passé. J'allais pas virer la demoiselle non plus. Je suis pas méchante à ce point. Quoi que. Enfin, bref. Je m'approchais de la jeune femme, déposant mon sac à main contre le mur en jetant ma veste sur le lit. Car après tout, c'est ma chambre, je fais bien ce que je veux.

" J'ai réserver cette chambre, effectivement. Mais si vous souhaitez rester, je vous l'autorise."

Je disais ceci avec un grand sourire chaleureux, celui qui vient du coeur, et non le sourire forcé de mes photos de classe. Je soupirais un bon coup avant prendre une bouteille d'eau dans mon sac pour boire un coup, j'avais bien couru jusque-là et ça m'avais légèrement fatiguée, j'ai beau faire un peu de sport, je reste fragile à ce niveau !
Je voulais en découvrir plus sur le caractère de mon invitée. Alors pour ceci, il fallait tester diverses choses pour voir sa réaction. Je prenais avec délicatesse son menton entre mon pouce et mon index et rapprochais mon visage du sien, avant de lui demander d'une voix suave :

" Quel est votre nom, chère invitée ? "

"Moi, c’est Hana. Et toi ? Je propose que l’on se tutoie, ce sera un peu moins formel, tu ne trouves pas, chère inconnue ?"

Aller, je vais faire bonne impression ou du moins essayer. Je vais faire genre que je suis bien élevée. Enfin, c'est le cas. Enfin, presque.
C'est pas que je suis mal élevée mais je dis souvent des injures avec les gens que je connais. Mais d'abord, je leur fais bonne impression.

" Je m'apelle Yue. Désolée, je ne savais pas comment me comporter avec une princesse telle que vo...Toi."

La distance entre nos lèvres était si minime que j'en venais à rougir. Jamais, avec une femme, je n'avais été aussi près, enfin, sauf avec mes soeurs, mais j'appelle pas ça des femmes.
Je laissais un léger soupir mentholé s'échapper d'entre mes lèvres. J'avalais difficilement ma salive en la regardant droit dans les yeux. Qu'allait-it se passer à présent. Je ne le savais pas. C'était peut-être ce qui me dérangeait le plus.
Ne pas savoir. Ne pas pouvoir prévoir. Stresser en me posant mille et une questions. Avoir peur. Je n'aime pas ça. J'en ai horreur. Et là, je stressais et je ne savais pas ce qui allait se passer. Je n'aimais pas vraiment cette situation mais je ne le montrais pas.

"Une princesse ? Tu me flattes. Tu es toujours aussi gentille avec toutes tes invitées ? Ou n’est-ce qu’avec moi ? Je suppose que je peux déjà être heureuse d’être traitée ainsi…"

Moi gentille ? Bwah ha ha. La blague. Enfin, si je suis gentille mais ça dépend des jours. Soit tu tombes le bon jour et je suis toute souriante soit, tu te tais et tu me gonfles pas. Enfin, ça vaut mieux. On ne dirait pas, mais je sais me battre et mettre des claques. Je suis un mooooonstre moi. Nan j'exagère. Je suis sympathique durant environ deux cent cinquante jours dans une année. C'est déjà beaucoup !

" Disons que ça dépend... ~"

M-Mais que ?! Q-Quoi ? QUÔÔÔÔAAAAAAA?! Je ne suis pas folle hein ? J'ai bien senti ses lèvres contre les miennes. N-Non...NON MAIS. Faut prévenir avant de faire ça ! J-J-J'étais pas préparée. J-Je. Je suis mal. J'ai pas mal. Je suis juste mal à l'aise. Que faire? Je ne sais pas. Le stress monte. Je n'ose pas. Rien. Je l'observe sans rien dire, entrouvrant un peu mes lèvres pour marquer ma surprise. Mes joues écarlates montraient encore plus ma gêne. Elle allait surement rire en me voyant. J'avais l'air ridicule. Ridule comme une gamine de six ans venant d'être embrassée. Mais pourtant, je n'arrivais pas, même avec toute la volonté du monde, je n'arrivais pas à bouger.

J'étais seule dans cette chambre avec la demoiselle. Je ne pouvais pas m'enfuir, je ne pouvais rien faire. Je la connaissais si peu et déjà, elle avait touché mes lèvres. C'était un poil gênant. Surtout que je restais telle une statue. Je la sentais reprendre mes lèvres. Pourtant, moi, je ne faisais rien. Ou du moins, pas encore. Je plaçais juste ma main derrière sa nuque, jusqu'au moment où elle s'écarta un petit peu.

"J’espère que ça t’a permis de réfléchir un peu. Tu avais l’air perdue. Mais le rouge te va si bien, comme teint de peau."

Je l'observais. Plongeant mon regard dans le sien avec de belles joues bien rouges. J'avalais difficilement ma salive. Je détournais le regard avant de retourner sur ma cible. Je semblais si paniquée. Je m'exprimais avec cette pointe d'innocence et de gêne dans ma voix.

"J-J-J-Je..."

Pitoyable. Même pas capable de dire une phrase. La pauvre, elle allait s'ennuyer. Mais, après tout, ce n'est pas vraiment ma faute, je n'ai pas l'habitude de la gent féminine. J'avais besoin... Besoin de respirer, de prendre une grande bouffée d'air pour retrouver un teint à peu près normal.