Quand Shane avait proposé ( ou plutôt imposé ) d'être la canne de secours de Tomas pour son trajet de retour, il se doutait bien que ce serait une balade plutôt périlleuse. Mais peut être pas autant. Il ne manquait plus que les explosions, les voitures et les jolies filles et on avait le parfait film d'action américain //PAF//. Bref, j'exagère, mais vu son état déjà un peu déterioré par le fait qu'il avait déjà aidé le violet à se mouver, ça n'allait pas vraiment de mieux en mieux. Oh, il avait un très bon cardio, mais il était joueur de foot, pas champion de body building ! Ses jambes le suportaient avec aise, c'est ses bras qui suportaient moins bien le poids du beau Fever. Il restait vigileant, car il sentait ces deux " phases " s'alterner et ça l'inquiétait. Tantôt, le il se tenait à lui, tantôt, il marchait à l'aide du peu de force que son faible corps avait encore au point de s'en épuiser et d'être forcé de se tenir à lui. Cette fois-ci c'était pire. Ses articulations étaient tellement flasque et son poids si lourd que Turner osa presque le comparer à un molusque géant. Juste dans sa tête bien sur. Et puis, il avait beau être un peu blême et donner l'air d'être mourant, il restait pas mal plus beau qu'un molusque.

Quand le brésilien lui indiqua la présence du banc d'un doigt, le blondinet hocha la tête pour montrer qu'il s'en chargeait et redoubla les efforts une dernière fois, le temps d'aller au banc, d'y installer Tom' et de s'y asseoir à son tour. Il s'y assit de façon convenable sans pour autant avoir le dos complètement droit et les mains placés d'une manière qui n'aurait pas paru naturelle. Il rendit son regard au jeune malade jusqu'à ce que ce dernier ferme l'oeil. Il aurait voulu lui dire qu'il fallait continuer tout de suite, de peur qu'il empire son cas en se reposant trop ici, mais n'y arriva pas à cause de cet air si paisible que le délinquant avait dans son " sommeil ".

Il profita de ce répit pour repenser aux évènements de plutôt, rosissant un peu et souriant tendrement. Tomas Efreim Laerte Fever l'avait remercié. C'était quelque chose de plutôt surprenant, mais ça ses yeux c'était...terriblement mignon. Probablement que son ami ne le réalisait, mais il était bien plus doux que ce que son image vous ferait penser. Et puis, jamais il n'aurait deviné hier, quand il l'avait éveillé, que ce mec là avait une santé fragile. Avait-il encore bien des facettes cachées? Peut-être était-il lui aussi...? Non. Il secoua la tête. Il se faisait des idées là. Un garçon comme ça était assurément 100% hétéro. Il possédait même une photo de lui avec une petite-ami ou une ex. Il avait à peine eu le temps de secouer sa tête qu'il avait senti quelque chose se poser sur son épaule. Le rouge lui monta aussitôt au joues alors qu'il osait regarder son copain, toujours en train de se reposer. Réalisait-il la position dans laquelle ils étaient? Se raclant la gorge, il ne dit rien, se contentant de regarder ailleurs, gettant qu'il n'y avait pas trop de gens aux alentours. Comme c'était la semaine, les jeunes étaient majoritairement à l'école et les adultes au boulot. C'est pour cela que lui aussi le rire de la petite fille qui passait non loin le sorti de ses songes.

Il se retourna à nouveau vers Tomas qu'il avait senti bouger. Il posait sa main sur son front. Normal. Il se levait soudainement. Pas normal.

" Hey, hey, hey ! Attend-moi idiot ! "

En faisant un petit jogging avec lequel il était toujours très à l'aise il l'avait vite rattrapé et avait posé son bras contre son dos pour pouvoir le soutenir si le moindre accident devait encore se produire. Ils passèrent dans une ruelle, ce qui, le blond devina, devait racourcir leur chemin d'une bonne centaine de mètres. Enfin ils arrivèrent à leur destination, la maison où Tomas vivait. Elle n'avait rien d'extraordinaire, une maison parmi tant d'autres. D'une façon, il trouvait que cela lui allait bien, même si ce n'était probablement pas lui qui avait choisi. Il entra derrière lui, s'excusant et se demandant s'il devait enlever ses chaussures ou nom. Entre l'amérique et le japon, c'était très différent sur ce point là, mais vu la tête de Tomas, il n'était pas Jap'. Qu'en était-il de sa tante? Il fini par les enlever. Dans tout les cas, il devait tôt ou tard s'accoutumer aux habitudes du pays. Il suivit ensuite Tom' au salon.

Ses yeux s'ouvrirent au plus grand quand il cru voir la fille de la photo de la veille. Il les frotta, les rouvrit...c'était bien cette jeune femme. Cette dame là était sa tante?!?! Elle avait à peine vingt ans ! Ou du moins c'est l'air qu'elle donnait. Alors que cette dernière raccrochait le téléphone il entendit une voix qu'il reconnu être celle de Brie lui lancer on ne sait trop quelle paroles. Il se sentit mal pour son enseignante en réalisant qu'elle venait carrément de se faire raccrocher au nez à cause de leur arrivée. Il était encore trop chamboulé pour se présenter ou dire quoi que ce soit alors qu'Iva aggripait son neveu pour le mener en haut. Comme elle lui avait fait signe de suivre, il suivit en silence.

Quand ils arrivèrent à la chambre de l'autre étudiant, le membre du comité de discipline resta debout et se pinca les lèvres pour se forcer à ne pas avoir l'air trop curieux. Il distingua quelques affiches de groupe de chez lui sur les murs, mais tenta de ne pas porter attention au reste. Il n'était pas là pour en savoir plus sur Tomas, juste pour s'assurer qu'il était entre bonnes mains. D'ailleurs, il allait s'excuser et repartir quand la jeune femme aux cheveux lilas lui adressa la parole, mentionnant à son tour Simon d'une façon qui le fit s'empourprer à nouveau. Il était plus mignon, elle avait dit? Elle connaissait donc ce fameux Simon? Il toussota dans l'espoir de ravaler sa gène, mais il n'y arrivait pas. D'une voix timide, il fini quand même par la remercier et puis accepta l'invitation. Il pouvait bien rester quelques minutes de plus, de toute façon madame Everdeen devait être au courant qu'il l'accompagnait jusqu'à bon port.

Pendant que l'assoupit se retounait, le sportif s'assied aux côtés de la belle jeune femme dans le plus grand des silences, la regardant par la même occasion s'amuser avec les longues mèches de cheveux de l'endormi. Il failli crier à cause du sursaut qu'il fit quand elle lui tendit la main. Il avait justement porté la sienne à sa bouche pour s'en empêcher et la retira en lui souriant maladroitement, prenant celle de la damoiselle.

" De même. Je suis enchanté. S-Shane Tuner. Vous êtes belle vous aussi. Je vous aurait croisé dans la rue je vous aurais prit pour une étudiante. "

Lui renvoyant son compliment, il se sentait terriblement idiot d'avoir pensé qu'elle était la petite-amie de l'ex-prisonier en apercevant la photo, mais même s'il s'excusait elle ne comprendrait surement pas pourquoi il le faisait. Il préféra ricaner un peu pour détendre l'atmosphère suite à sa remarque, puis commença à s'installer de façon à pouvoir se relever.

" Je ne voudrais pas m'éterniser, et puis je crois qu'il se reposera mieux si je ne suis pas là. "

Sur ces mots, il posa ses pieds sur le sol, prêt à partir.

Il n'y avait pas à dire, les Fever ( ou du moins ceux qui s'y apparentaient ) avaient le tour de le faire sursauter. Shane fut grandement surprit en voyant Iva apparaitre devant lui à peine au moment où ses orteils avaient frôlé le sol. Il s'étonna à se demander comment elle pouvait avoir l'air si heureuse alors que son neveu était alité. En plus, il lui avait ruiné la surprise du fait que Brie était au Japon avec toute cette histoire. Si seulement il avait été plus doux et avait dit à Tom' qu'il pouvait rester au lit si ça n'allait pas...il ne se retrouverait pas là à s'interroger sur milles et unes choses. Et puis...il y avait quelque chose d’embarrassant dans l'attitude que la tante de son camarade adoptait avec lui. Il n'aurait su pointer que c'était cette impression qu'elle attendait quelque chose de sa part, mais c'était bien cela qui le gênait. Prit au dépourvu, il voulu répliquer, mais n'en eut guère le temps. En voulant lui parler, il avait fait quelques pas vers la porte, mais elle était déjà partie comme une fusée. Ou pas.

La revoilà qui revenait juste pour ajouter quelques détails sur l'état de Tomas. Le blondinet rosit un peu. Là c'était clair, elle sous-entendait quelque chose. Il voulait qu'il joue la nounou ou quoi? Il n'y comprenait rien de rien. L'observant s'éclipser pour une deuxième fois, il se gratta la nuque pour tenter d'extérioriser cette sensation d'embarras qui l'envahissait toujours...en vain.

Il se retourna vers Tomas à nouveau et le regarda. Cet air paisible s'affichait encore sur son visage. Le blond soupira et s'approcha un peu. Pour la énième fois , son ami l’appelait par ce prénom. Il commençait à trouver cela agaçant à la longue. Combien de fois déjà avait-il été nommé Simon? Il s’appelait Shane bon sang. SHANE. Il fronça les sourcils, voulant le lui faire remarquer, toutefois il se résigna. Il ne put apercevoir le visage du jeune délinquant qu'une fraction de seconde, mais il comprit que cette fois-ci c'était bel et bien un accident et il n'y avait pas de doute à se faire. Le voyou était encore dans le monde des rêves malgré ses paupières qui avaient pendant un instant été ouvertes. Il n'était pas encore revenu à lui même. Le sportif soupira et alla s’agenouiller à côté du lit, posant sa tête sur le matelas, se retrouvant à fixer le derrière de celle de Tomas. Il se sentait mal de le voir aussi torturé par le froid et sa toux sèche qui devait lui faire un mal de chien. Bientôt, sa main quitta le tissu des draps pour se poser timidement sur la tête du malade.

Il rougit en sentant la douceur de ses cheveux. Raclant sa gorge, il fit doucement glisser ces doigts sur ceux-ci en espérant apaiser ne serait-ce qu'un peu son copain. Il n'osait plus le regarder, fixant une affiche sur le mur alors qu'il répétait maladroitement le geste. Sa main tremblait légèrement. Il ne voulait pas que Tomas se fasse des idées à cause de cette action...et il ne croyait pas qu'il s'en ferait...c'était juste terriblement gênant. Ne voulant pas que l'autre lycéen sente son mal aise, il prit la parole.

" Hum...Iva m'a dit de prendre soin de toi. A-alors si tu veux quelque chose...d-dit le moi je vais voir ce que je peux faire. ", marmonna-t-il.

C'était sorti de travers, mais quand même mieux que ce qu'il avait craint comme résultat. Il avait pensé que sa phrase allait prendre des tournures louches à cause de sa timidité et des maladresses qui venaient avec. Ce n'était pas le cas. Enfin, ça n'était pas le cas à moins qu'on insiste sur ce que Tomas pouvait lui demander. Il ne le réalisait pas et puis, je doute que l'étudiant soit dans un état pour lui faire une demande qui aurait encore plus embarrassé l'homosexuel refoulé. Le membre du comité observait son camarade du coin de l’œil en espérant qu'il aille déjà un peu mieux grâce à ses petits efforts difficiles qu'il faisait. Il se pinçait les lèvres pour continuer tant bien que mal d'avaler sa gêne.

Shane avait froncé les sourcils un instant et cessé le mouvement pendant quelques très courtes secondes en croyant cerner des soubresauts plus prononcés que d'autre alors qu'il caressait la douce chevelure de son camarade. Le blondinet était plutôt observateur, il faut le dire...mais il avait du mal à comprendre les émotions cachées de Tomas. Il n'avait cru qu'à une illusion causée par sa propre fatigue. Parce qu'en effet, le sportif aurait bien fait un petit roupillon après un tel début de journée. Après avoir parlé, il se contenta pendant un moment de fixer son camarade qui serrait son oreiller tel on enlace un ours en peluche. Ses joues rosirent un peu, c'était mignon ça aussi. Il commençait à croire en ce qu'Iva lui avait dit. Tom' semblait vraiment se comporter comme un gamin lorsqu'il était malade.

Les paroles qu'il fini par prononcer touchèrent Turner profondément. Dans le mauvais sens du terme. Il se sentit brisé que son ami puisse croire qu'il n'avait aucunement envie de rester là. S'il n'avait pas envie d'être à son chevet, il serait parti directement après l'avoir mené à l'infirmerie. Les violets sont encore plus bêtes que les blondes ou quoi? Fronçant les sourcils alors que le voyou se noyait dans une nouvelle fontaine de toux, il retira sa main de sur sa tête un instant, puis marcha. Il alla s'installer ou Iva était quelques minutes plus tôt à peine. La place était encore chaude.

" Qui a dit que je ne voulais pas rester? J'ai juste dis qu'elle m'avait demandé de l'aide...ç-ça me fait plaisir de prendre soin de toi Tomas. "

Il avait dit ces mots en lui tenant un épaule, espérant qu'il l'entendait malgré la bruit que ses quintes de toux émettaient. Adoptant un visage sincère, bien qu'une certaine inquiétude le gagnait car il avait remarqué les joues trempés du lycéen, il reprit.

" Je m'excuse...si je te donne l'impression de vouloir m'en aller...c'est juste...que voir des gens malade ça me ramène de mauvais souvenirs. "

Ça lui faisait penser à sa pauvre mère, morte sur un lit d’hôpital, mais aussi à tout pleins d'autres choses. Il y avait de bonnes pensées cachées aux travers de tout cela, toutefois elles n'avaient qu'une très petite place comparée à toute la tristesse qui l'envahissait. La détérioration de l'état de sa mère, qui passait d'une femme enjouée et pleine de vie ainsi que d'amour à offrir à une pauvre alitée au teint mat et aux caresses limités. Elle avait peur de les rendre malade eux aussi. Après cela...il y avait sa première nuit dans les bras d'Anthony, ainsi que celle du décès de sa maman. Il n'osait décidé si il regrettait ou appréciait ce qu'il avait fait cette nuit là. Ces évènements au timing si peu appropriés étaient vites suivit par la dépression de son père qui lui ramenait à la face qu'après son déménagement, Antho' avait cessé de lui écrire. Le blond se pinça les lèvres ensembles en souriant tristement au jeune délinquant crevé sous ses draps.

Ne voulant pas en dire plus sur son passé douloureux, il approcha ses doigts du visage du brésilien et essuya ses joues timidement. Ses pommettes se colorèrent de nouveau, mais il resta muet et continua de s'occuper du ténébreux Fever, retirant la serviette sur son front et dégageant sa frange pour y poser le revers de sa main. Cette fois-ci, son sourire se fit - enfin - un peu plus optimiste.

" Ta fièvre a diminué. C'est bon signe. Euhmm...si tu as si mal à la gorge un peu de sirop contre la toux ou une pastille te feront surement un peu de bien. S-sinon...tu as faim? Peut-être que manger te redonneras un peu d'énergie."

Shane restait bien l'américain qu'il était. L'heure du midi arrivait à grands pas et son estomacs commençait à crier famine. Il avait bien envie d'un bon cheeseburger, mais il n'allait pas laisser son copain seul à la maison...alors il se contenterait de ce qu'on lui proposerait. Ce qui pouvait tout aussi bien être rien en bout de ligne. À nouveau son ventre émit un bruit plutôt imposant qui brisa le silence, le faisant rougir violemment, retirer sa main brusquement et détourner le regard comme une fillette qu'on viendrait de surprendre en train de péter. Il ne voulait pas insister, mais son corps le faisait bien assez pour lui. Il demandait pardon au semi-endormi d'un simple coup d’œil maladroit. Heureusement qu'il ne planifiait pas de faire carrière infirmier...s'il devait être aussi coincé avec tout les patients !

Le blondinet n'avait pas pu s'empêcher de sourire timidement en remarquant que l'autre jeune homme rougissait à son contact. Il était vraiment différent lorsqu'il était malade. C'était presque comme s'ils avaient échangé les rôles ; Tomas était le timide et effrayé lycéen alors que Shane devenait celui un peu plus confiant -oupas- et protecteur? Il secoua la tête pour en revenir au malade à peine réveiller qui lui expliquait qu'ils n'avaient plus de sirops et terminait d'abord en se moquant de son bruyant estomac. Trois jours?!?!??! Il n'avait pas mangé depuis trois jours ! En effet, il y avait de quoi se poser des question en entendant le ventre du sportif gronder alors que lui même avait déjeuné ce matin là...et pas qu'un peu ! Il avait voulu lui montrer combien il trouvait grave qu'il n'ait pas mangé sur une aussi longue période, mais fut interrompu par la voix de son camarade de classe qui reprenait la parole. À ce moment là, l'américain failli fondre, carrément. Si le violet avait dit un mot de plus, il serait surement passé en mode fanboy et n'aurait pas pu s'empêcher de lui dire qu'il était trop mignon...mais il ne devait pas. Ce serait surement une insulte aux yeux du délinquant. Il s'était donc contenté de sourire en rosissant en silence. Il n'avait pas décelé que cette fois-ci, le voyou l'avait fait volontairement.

Ça l'étonnait encore d'apprendre que Tom' avait une santé aussi fragile que sa défunte mère. Le simple fait d'y songer lui serait le cœur. Pourquoi s'était-il attaché aussi rapidement à un mec qui, dès le début, s'était montré déplaisant? Lui même n'en avait aucunement idée. Contrairement au brésilien qui s'était tout de suite attaché à cause de ses similarités avec Simon, lui ne voyait personne en Tomas. À part peut-être, juste un peu, sa mère. Ça lui déplaisait. Même s'il s'occupait de son ami, ça ne pardonnerait pas le fait que la nuit du décès de sa mère il...enfin, vous avez lu son histoire, vous savez très bien. Il détourna le regard, affichant à nouveau un air triste...voir fâché. Pas envers Tomas, au contraire. Envers lui. Comme il avait pu être idiot. Il regrettait. Il regrettait tellement. Et il n'avait pas fini de ressentir tout ces remords. Cette fois-ci, il y pensait trop. Les larmes lui montèrent aux yeux avant qu'il n'ait pu trouver une bonne excuse. Il tenait encore, mais on pouvait remarquer que ses mains, ses lèvres et ses épaules tremblotaient discrètement.

'' H-humm... c'est-il passer quelque chose pour que... pour que tu dise que voir des gens malade, ça te ramène de mauvais souvenir? ''

Ses yeux s'ouvrirent grand et la larme de son oeil droit, que Fever ne voyait probablement pas de l'angle qu'il le voyait, coula malgré ses efforts pour la retenir. Il se leva brusquement et se dirigea vers la porte sans répondre. À la place, il balbutia maladroitement.

" T-tu ne devrais pas te lever, je vais aller chercher à manger. Iva comprendra. J-je reviens tout de suite. "

Sans un mot de plus ni le moindre regard, il dévala l'escalier. Rendu en bas, une crise de larme le prit par surprise. Il n'avait pas pleuré sa mère ainsi depuis des mois. Maintenant qu'il y pensait...il se rendait compte que pendant un certain temps il avait presque vécu comme si elle n'avait jamais été là. Comme si son deuil n'avait jamais eut lieu. Il s'assied à la table de la salle à manger et pris une bonne minute pour laisser le tout sortir, tentant de ne pas sangloter trop bruyamment. Il savait que Tomas remarquerait surement qu'il avait les yeux rouges à son retour, mais ça lui était égal. Il voulait lui en parler et savait qu'il le ferait...cette prise de conscience l'avait juste perturbé sur le coup et il ne voulait pas paraitre faible devant l'autre étudiant alors qu'il devait se montrer fort pour l'aider à se soigner. Une fois qu'il eut assez sangloté, il se releva et prit un mouchoir pour essuyer son visage et se moucher. Après quoi, il regarda autour de lui.

Il avait bien deviné la nature de la jeune tutrice. Elle avait pensé à eux et avais déjà sorti des repas instantanés qu'ils pouvaient facilement préparer en quelques minutes. Suivant les instructions, Shane s'y attaqua en continuant de renifler pendant tout la présentation. Il avait encore une boule dans le fond de la gorge. Il espérait fortement que ça lui passerait d'ici son retour à la chambre de l'adolescent car sinon...il n'arriverait même pas à manger pour cacher ce qu'il s'était passé. Il n'eut pas de mal à trouver un plateau pour servir le garçon à son lit. Il y posa les repas et remonta les marches. Ce n'était rien de spécial. Chacun un bol de nouilles instantanées - ou ramen- et un demi sandwich. C'était quand même mieux que ce qu'ils servaient dans les hôpitaux de Pheonix, du plus loin qu'il se souvienne. Il entra en hésitant à parler. Il fini tout de même par d’adresser au jeune alité.

" Je suis de retour. "

C'est tout ce qui sorti pour l'instant. De nouveau muet, il installa le plateau sur le lit et s'installa sur la chaise du bureau de travail de Tom, de peur de faire un faux mouvement et échapper toute sa soupe sur le lit. Il avait même prit ses précautions et retiré plus de la moitié de l'eau pour éviter un grand désastre. Il fallait manger les nouilles rapidement avant qu'elles ne refroidissent. Du moins celles du début. Prenant sa fourchette, le joueur de soccer se servit une première bouché en observa les mouvements de cet homme si différent de lui. Ses songes se perdirent à nouveau, mais il se rappela enfin qu'il devait tôt ou tard se confier à son copain. Après tout, ce dernier lui avait bien dit qu'il avait déjà fréquenté la prison - même si c'était involontairement -. Ça avait du être pénible pour de multiples raisons...tout comme la maladie de maman Turner avait pu l'être pour son fils. Il termina avec soin sa bouchée, puis brisa le silence qui pour un long moment n'avait été cassé que par des " slurp " subtils.

" ...pour ta question de tout à l'heure...désolé pour ma réaction. Ça m'a surpris que tu demandes, c'est tout. " Il laissa planer ses mots un court instant, cherchant les bons pour poursuivre par la même occasion. Enfin, il continua: " Ma mère...est décédée d'un rhume. Enfin, pas exactement. Elle était très sensible aux virus et ça s'est empiré suite à sa maladie. Dès qu'elle soignait quelque chose, elle chopait autre chose. J'ai cessé d'écouter le médecin après la pneumonie alors...je sais pas exactement ce qui l'a tué. Je n'étais pas là pour elle quand elle est partie...c'est pour ça que c'est un sujet...plutôt difficile. "

Il avait reprit son calme maintenant qu'il s'était laissé allé. Ses paroles étaient claires, bien qu'un peu flageolantes. Pour assurer à l'autre ex-habitant de l’Amérique qu'il n'y avait pas à être mal à l'aise, il reprit une fourchetée de nouilles, terminant déjà sa soupe. Il sourit faiblement à son interlocuteur tout en posant son récipient sur le bureau de travail. Il ne croyait pas que la curiosité de Tom' lui ferait l’interroger sur l'endroit où il se trouvait le jour du décès. Et puis, même s'il demandait, il allait probablement tasser la question habilement. Il ne voulait pas parler d'Anthony. Il y avait déjà assez d'un tabou dans cette conversation.