A présent, il nous fallait trouver un bon endroit qui nous changerait de la cafétéria. Un endroit où il n’y aurait personne, en hauteur, le toit me semblait une bonne idée. Ce genre de bâtiment n’avait pas vraiment de secret pour moi, ils étaient tous basé sur la même architecture alors lorsqu’on est entré par effraction dans un, on peut se diriger dans tous. Nous montions les escaliers, évitant soigneusement tous les autres membres de l’administration. J’étais des plus sérieux, ne voulant pas attirer d’ennui à ma pauvre petite bleu qui n’avait rien demandé. Le but était tout proche, il ne nous restait qu’un seul escalier. Durant notre petite course je n’avais pas vraiment été attentif à elle à cause de ma concentration à éviter « l’ennemi » mais j’avais bien l’intention de me rattraper une fois en haut. La porte n’était pas verrouillée, quelle chance. Nous étions à présent certains de ne pas être dérangé. Le toit ne devait sans doute pas être très attractif, surtout pendant le déjeuner. Refermant la porte derrière ma petite camarade je posais ensuite mon manteau sur le sol après avoir soigneusement retirer sa nourriture de mes poches. Mes oreilles s’ouvraient à nouveaux pour écouter ce qui se passait autour de moi. En tendant son déjeunée à ma nouvelle connaissance je me rendais compte que je n’avais aucune idée de son nom.

« Désolé pour cette petite course, tu peux t’asseoir sur mon manteau, il n’est pas très épais mais ça t’évitera d’être à même le sol. Cependant, avant que tu récupères tes biens … j’aimerais te demander une chose. »

Un sourire un peu fourbe se dessinait sur mon visage, à ce moment j’aurais pu demander n’importe quoi… je pense que tout aurait été possible avec un tel visage.

« Ton prénom. »

Je la regardais avec pleins d’impatience dans les yeux. Son prénom devait certainement être très beau, refléter l’intelligence, ou être plus basé sur quelque chose de mignon. Beaucoup me traversaient l’esprit tel que : Atsu, Amane, Fukumi, etc. Tant qu’elle ne s’appelait pas Alysse tout irait bien. Si c’était le cas, je ne serais peut être pas capable de rester ici. Oui c’est bête mais ce prénom me rappelait tellement de mauvais souvenirs, tellement de choses douloureuses. Bien sûr, la page avait été tournée et je ne ressentais plus rien pour elle mais … la douleur d’avoir été trahi par la seule personne à avoir pu gagner mon amour et ma confiance était toujours présente. Elle était mon pire souvenir mais aussi le meilleur. Repenser à elle me faisait douter de ma capacité à protéger ma nouvelle camarade. Me fréquenter était une source de problème et de danger, la sécurité des gens qui m’entour était donc ma priorité. Cela dit ce n’était pas compliqué… actuellement il n’y avait personne. Ce qui me faisait peur était mon incapacité à être omniscient ; on ne peut pas suivre quelqu’un sans interruption alors il est difficile de protéger une personne complètement. Enfin, je n’avais pas à penser à cela. Rien ne laissait présager qu’après ce jour, nous nous reparlions.

Avec une certaine nervosité et une grande inquiétude facile à déceler, Fumie regarda son camarade refermer la porte après qu'elle soit sortie, la vérouiller de nouveau et cacher son outil improvisé en lieu sur sur lui-même. Elle serrait les emballages de nourriture contre sa pointrine, les tenant de ses deux bras en laissant quelques craquements de papier résoner alors qu'elle aussi observait aux alentours si le personnel s'approchait. Naturellement, le fait qu'elle soit si perdue dans ses songes - qui pour la majorité se résumaient à l'imagination de la fin des évènements des horribles -, engendra chez elle un léger sursaut quand il saisit son repas. Il ne l'avait pas fait de manière brusque, mais Fumi ne s'y attendait pas et ça avait été suffisant pour lui faire échapper un hoquet qu'elle couvrit du mieux qu'elle le pu en claquant sa main sur sa bouche. Son coeur battait encore rapidement à cause de son état de surprise quand il termina de la rassurer et lui fit un clin d'oeil.

La petite timide n'avait d'ailleurs pas fini d'avoir le coeur si excité. Quand la main chaude du grand Monsieur Bloods saisit la sienne, ses joues devinrent rouges à une vitesse égalant celle de la lumière et son pouls s'accélèra de plus belle. Malgré ses expériences avec Toshiro, elle avait visiblement fait une rechute et ce simple geste suffit à la faire chavirer et devenir totalement...instable. Muette. Les yeuxs grand ouverts, elle fixait Hiro en le suivant de derrière sans pour autant tirer sur sa main pour en retirer son emprise. C'était un homme, pourquoi elle le laissait faire? Pourquoi? Alors qu'elle était si triste et si en colère contre eux ! Alors qu'ils l'effrayaient tant ! Tashiko ne le savait pas, mais une partie d'elle voulait lui faire confiance. Oui, parce que plus tôt, elle s'était vue en lui. S'il avait vraiment le même genre d'intention qu'elle avait eu en voyant Estelle cette fois-là, il n'y avait rien à craindre. Les gentilhommes existaient ! Elle n'avait pas besoin de se convaincre. Son père et ses frères en étaient tous ! Ses oncles aussi. Elle même n'avait jamais vraiment comprit pourquoi la gente masculine l'effrayait autant même avant qu'elle ait connu Raizen.

De nouveau prise dans le labyrinthe de ses songes, elle n'avait remarqué qu'ils s'étaient arrêté que lorsqu'ils s'étaient remis à marcher. Tout ce qu'elle avait fait, c'était les saluer de sa main libre en camouflant une certaine confusion derrière son petit sourire de fille innocente. Elle jouait bien le jeu sans même s'en apercevoir. Ils avaient de la chance, une des personnes avec celle qui les avaient interpelés était là quand ils avaient ouvert la porte de sa chambre quelques jours plus tôt et lui fit signe de ne pas insister. De toute façon, ils tournaient déjà le coin du couloir et les prunelles de l'adolescente se tournèrent à nouveau vers celui qui la tirait vers une destination qui lui était inconnu. Elle lisait sur son visage qu'il ne voulait que son bien. Il ne désirait pas qu'elle soit sanctionnée par sa faute et il cherchait l'endroit parfait pour se cacher. La bleutée comprit quand ils montèrent les marches de l'étage le plus élevé de Tsubasa. Il n'y avait qu'un autre endroit encore possible. La toiture. L'étudiante ne dit rien, elle aimait bien l'idée. Elle avait d'ailleurs dans ses poches un objet dont elle comptais se débarasser, et le jeter de là-haut serait surement beaucoup plus libérateur que le laisser dans le fond d'une poubelle, ce qu'elle voulait faire en arrivant à la cafètéria, mais avait complètement oublié.

Un sourire gagna son visage alors qu'elle senti la légère brise lui caresser la peau. Cela faisait plusieurs jours qu'elle ne sortait de sa chambre que tard, pour se laver. Ce genre d'expédition lui faisait pas mal plus de bien qu'une simple douche et à peine songeait elle à sa nourriture qu'elle redevenait aussi impatiente qu'un petit enfant. Elle allait s'insaller comme le gigolo le lui avait proposé sur son manteau posé sur le sol, mais fut interrompue au moment où elle commençait à plier les genoux. Les mains tenant encore son pantalon, elle pencha légèrement la tête sur le côté pour dire un discret " Pardon? ", ses joues rosissant à nouveau et son imagination lui jouant encore quelques tours vu la façon qu'il avait eu de commencer à la questionner. Le sourire du jeune punk y était vraisemblabement pour quelque chose. Elle était tellement confuse qu'elle s'était même imaginée un instant qu'il allait lui lancer un truc genre " Comme je sacrifie mon précieux manteau pour ton confort, il faudra que tu sacrifie ta jolie chemise pour le mien. ". À cette idée idiote, elle avait remonté ses mains pour les aggriper à son chandail en reculant d'un pas. Puis il lui avait demandé ce qu'il voulait savoir. Aussitôt, elle se senti complètement conne. Pas d'autres moyens de le dire. Une débile, carrément. Avec un rire à la fois nerveux et soulagé, elle répondit. Sa voix craquait un peu sous la pression.

Après tout, c'était un peu spécial de se faire demander directement son prénom, ici au Japon. Surtout par un japonais. Dans la coutume, elle se serait présentée en commençant par son nom de famille et les gens qu'elle venait de rencontrer la nommaient " Tashiko-san ". Avec cet inconnu, elle commença, à sa demande, par son prénom, se présentant à l'occidentale.

" F-Fumie. Fumie Tashiko, au complet. "

Elle ne lui dit pas de l'appeller comme bon lui semblait, elle se doutait qu'il le ferait même si elle le lui avait interdit. Fumfum ne renvoya même pas la question, espèrant qu'il serait assez fou pour comprendre qu'après qu'il lui ait offert autant de stress et l'ai interrogé sur son indentité, il se devait lui aussi de lui dévoiler la sienne. Les lèvres pincées et les joues encore empourprés, elle souriait en coin alors qu'elle passait, par habitude, ses mains sous ses cuisses en s'agenouillant au sol, le dos droit. Comme elle portait normalement des jupes, cette action consistait à cacher le plus de peau possible et la position elle-même à éviter que l'on voit sous ses jupons. Timide comme elle était, n'importe qui devinerait qu'elle n'aime pas trop que l'on connaisse la couleur de sa culotte. C'était aussi manièré et plutôt traditionnel comme façon de s'asseoir. Cela projetait cette image de fille sage qui lui allait si bien. Une fois totalement installée, elle tendit les bras pour saisir son repas que le garçon à la cirinière violette lui tendait encore. Même si elle était la seule à manger, elle lança un petit " Bon appétit " avant de déballer son pain.

Elle fut surprise en mordant dans la croute. C'était...un genre de biscuit. Le milieu du pain était moelleux alors que l'extérieur était croustillant. Elle connaissait ce genre de pain même si elle n'en avait jamais mangé. C'était un pain melon. D'ailleurs, c'est en se souvenant du nom qu'elle savoura enfin goût discret de melon dans le pain. C'était délicieux, comparé à ses pains bon marchés qu'elle prenait normalement. Tellement qu'elle se sentait coupable de ne pas partager et de le manger devant Hiro sans rien dire. Mâchant toujours, elle cassa un bout de la croute en le serra entre ses doigts puis termina bien sa bouchée avant déchirer un morceau de pain du côté qu'elle n'avait pas mordu. Suite à quoi, elle le tendit à son camarade en portant toujours son sourire.

" T-tu en veux? Après tout, tu as fait une grosse partie du travail. "

Elle attendait de savoir. Son nom, s'il avait faim et peut-être plus. Rien ne l'empêchait d'être amie avec un garçon depuis toutes ces années. Rien, sauf elle-même...

Le vent qui caressait le visage de la jeune fille semblait lui redonner vie. On voyait son comportement changer pour devenir celui d'une enfant. Elle était attendrissante. Ce qui me fit rire c'est l'expression qu'elle afficha lors de ma demande. Toute perturbée, elle osait à nouveau à peine me répondre. C'était assez agaçant à force mais il me fallait apprendre à être patient ; elle ne faisait pas partie de mon monde où les jeunes filles vous saute dessus pour vous demandez votre nom et si vous êtes intéressé par une nuit avec elles. A petite bleue avait une certaine sensibilité dans le regard qui empêchait mon impatience de resurgir. Pour être honnête je ne comprenais pas le pouvoir qu'elle exerçait sur moi. Habituellement j'étais méfiant, jouais les durs, ne pensais qu'à ma petite personne alors que là... je voulais simplement la faire sourire et étais prêt à tout pour ça.

Elle me donnait finalement son prénom. « Fumie », quelle beau prénom. Il sonnait doux à l'oreille et collait parfaitement avec son physique. Sans vraiment savoir pourquoi mes joues devenaient légèrement rose l'espace d'un instant. Mes lèvres s'entrouvraient pour laisser échapper un murmure inaudible pour la jeune bleue « Fuchan ». Je n'avais pas l'habitude des coutumes, c'est sans doute pour cela que j'étais toujours très familier avec ceux qui m'entouraient. Ça la gênerait sûrement mais je pense pas m'habituer à l'appeler par son nom, puis si cela la dérange elle n'aurait qu'à me le dire pour que je fasse des efforts.

Je la regardais sourire en s’asseyant pour déguster son repas. Décidément nous n'avions rien en commun … Sa grâce, son savoir vivre, son sérieux, toutes ces choses contrastaient totalement avec moi. En déballant son sandwich elle me lança un bon appétit qui me fit sourire et que je lui rendais aussitôt en signe de politesse, oui je n'étais pas que mal élevé. Après quelques bouchées elle découpa un morceau qu'elle me tendit en arborant un visage plein de gentillesse.

« T-tu en veux ? Après tout, tu as fait une grosse partie du travail. »

A force de la regarder comme un enfant devant un lapin dans sa cage j'avais oublié de me présenter à mon tour. Je manquais à tout mes devoirs ! Puis elle, qui gentiment se proposait de me nourrir, je l'avoue je me décevais un peu. Cette fois j'arrivais à contenir le rougissement de mes joues pour garder un air sûr de moi mais des plus amical. Je m'étirais et m'asseyais près d'elle.

« Hmm je n'ai pas vraiment faim mais proposé si gentiment, je ne peux pas te le refuser. »

Dans un grand sourire je prenais le morceau avant de l'introduire dans ma bouche. Il était vraiment délicieux, je n'avais jamais eu l'habitude de manger ce genre de chose. Mon quotidien c'était plutôt « tu manges ce que tu trouves. Quand tu manges bien c'est le resto payé par tes clientes fidèles. » oui, il n'y a que les clientes fréquentes qui prennent soin de moi. C'est pathétique hein ? Le pire c'est que j'agis avec elles comme le pire des salaud. Quand je dis ça c'est : Je suis très froid et c'est moi qui décide. J'ai d'ailleurs toujours été étonné que cette technique fonctionne. Comme quoi « plus tu me fuit, plus je te suis. » est un dicton véridique.

Je poussais un petit « hmm » qui signifiais « bon dieu que c'est bon ». Puis, la regardant dans les yeux avec mon plus beau sourire je lui disais :

« Fuchan ce que tu as choisi est vraiment délicieux. Tu as de la chance de pouvoir manger ces choses chaque jour. Oh fait, j'ai oublié de me présenter ! Je m'appelle Hiro, juste Hiro. Mon nom à changé tellement de fois que j'ai finit par cesser de le retenir. Quoi qu'il en soit je suis ravi de te rencontrer. »

Juste « Hiro », « Bloods » avait été choisi pour les choses administratives, puis le nom de ma famille d'adoption il était hors de question que je le prenne. J'étais seul à présent, la famille ne représentait plus rien pour moi. Comment peut on croire en un lien si futile après s'être fait jeté tant de fois ? Soudainement je réalisais que je venais de lui parler de moi sans le vouloir. Certes ce n'était rien de très choquant mais tout de même …c 'était une chose rare venant de moi. J'espérais qu'elle ne réagirait pas, par précaution je tentais de changer de sujet.

« Heum … sinon … Tu … enfin ... »

J'étais confus, cela se voyait cruellement. Mes joues étaient roses et mon regard fuyait la jeune fille. Lui raconter un bout de mon histoire si tôt la mettrait mal à l'aise à coup sûr... moi aussi d'ailleurs. Je reprenais ma phrase.

« Tu montes souvent sur le toit ? »

Contente qu'il accepte le peu qu'elle lui offrait en retour de son grand service, elle lui sourit alors qu'il s'asseyait et saisissait le morceau de pain. La petite bleue comprit bien vite qu'elle n'était pas la seule à goûter ce genre de pain pour la première fois. Juste au visage qu'il affichait en mâchant elle l'avait sû. Il le lui avait confirmé ensuite quand il avait commenté la nourriture tout en se présentant. Bien sur, timide comme elle était, vous aurez deviné qu'elle avait rosit en entendant le surnom si familier qu'il lui avait donné. Au début, quand il lui avait dit qu'elle avait de la chance, elle avait voulu répliquer tout de suite qu'il avait tord de dire quelque chose comme ça, mais elle n'en fit rien. Elle continua de manger en restant muette, à la fois par gène mais aussi de son plein gré. Fumie se disait que c'était le mieux à faire. Elle ne devait pas se confier sur sa pauvreté dès la première, et probablement dernière, rencontre avec Hiro. D'un autre côté...lui il venait de parler de ses propres problèmes. C'était très vague, mais le réalisait-il? Ne voulant pas le brusquer en le questionnant sur le ' pourquoi ' du fait qu'il changé de nom tellement souvent qu'il ne les retenait plus, elle se contenta de sourire en termina sa bouchée. Une fois le tout avalé, la fille de fermiers reprit la parole.

" Enchantée, H-Hiro-kun. ", balbutiait-elle. Elle n'avait vraiment pas l'habitude de nomme les garçons par leur prénoms si tôt. Avec une fille, c'était différent.

Voyant qu'il n'insistait pas sur le reste de ce qu'il lui avait dit, elle n'en demanda pas plus. Surtout qu'il poursuivait déjà la discussion. Haussant un sourcil, Fumimie écoutait chacun de ses mots avec attention. Elle pouvait voir la confusion sur le visage du jeune ' Bloods '...c'était plutôt mignon. Rosissant elle aussi, elle se perdit dans ses pensées alors que son camarade cherchait encore les bons termes pour continuer la conversation. Avec elle l'air de ça quand un garçon lui parlait? Les joues roses et le regard fuyant? Était-elle...mignonne aux yeux des autres? Elle ne se l'était jamais vraiment demandé. Si elle avait été avec Estelle, la question serait sortie sans problème. Elle le lui aurait tout simplement demandé " Les gens me trouvent-ils mignonne quand je suis effrayée? ". Là elle restait toujours aussi silencieuse, se pinçant à nouveau les lèvres. La jeune fille devait cesser de penser à sa meilleure amie...c'était terminé cette époque là.

Peu importe si les gens l'avaient trouvée mignonne à une époque...maintenant ils devaient tous la prendre pour une folle. Enfin, le garçon à la chevelure violette devint enfin un peu plus clair et elle sorti sur monde flou de ses songes. Pendant un instant, elle réfléchit, sans trop savoir pourquoi. La réponse était évidente. Alors pourquoi elle y réfléchissait autant? Ça devait-être qu'elle n'était pas entièrement revenue à elle. Toutefois, la nippone arriva enfin à reprendre la parole, secouant la tête pour appuyer ce qu'elle disait.

" Non...pas que j'ai peur des hauteurs, mais j'ai toujours cru que les portes seraient verrouillées. Après tout, il y a bien des histoires d'élèves sautant en bas du Lycée...dans les autres établissements en tout cas. Normalement, on ne devrait pas avoir accès à cet endroit, non? J'ai quand même un petit quelque chose à faire ici... "

Elle laissa ses paroles en suspens un moment, reprenant une bouchée qu'elle termina avec soit avant de s'exprimer à nouveau. Ses cheveux virevoltaient à cause de la légère brise qui lui caressait le visage et ses yeux pointaient vers le ciel. C'était un endroit paisible si on oubliait toutes ces légendes. Prenant soin de bien emballer le reste de son pain dans le papier, elle le posa sur le manteau du jeune homme et se leva, se dirigeant doucement vers le bord du toit. Elle n'y toucha pas, après tout elle était en train de manger et qui sait quel oiseau avait fait ses besoins là autrefois. La lectrice assidue se contenta de fouiller dans sa poche et en sortir le petit flacon contenant le liquide vert pomme. Elle jeta un rapide coup d’œil à l'autre lycéen, un sourire triste aux lèvres, mais ne dit pas un mot sur ce que ce contenant signifiait pour elle. Regardant devant elle à nouveau, elle étira son bras droit, celui dont sa main tenait le parfum, comme un joueur de baseball s'apprêtant à lancer. La suite se déroula comme on le devinait, elle lâcha le récipient dans les airs après avoir fait le mouvement le plus adéquat pour qu'il aille le plus loin possible malgré sa petite force. Pendant un instant, très court, elle se surprit à vouloir reprendre le flacon au vol, faisant un pas de plus vers le côté du toit. Ses pieds s'arrêtèrent brusquement elle elle fixa la fiole dans sa chute jusqu'à ne plus la voir.

" Sayonara...Toshiro-kun...", se chuchotait-elle à elle même. Elle doutait que l'étudiant avec elle ne l'ait entendu, mais même si c'était le cas elle pouvait deviner qu'il ne l'interrogerait pas. Il avait eu l'air trop perturbé quand lui même en avait révélé sur sa personne pour sembler être quelqu'un qui voudrait à tout prix savoir. Même si il demandait, elle esquiverait le sujet. La dernière chose dont elle avait envie de parler, c'était bien Toshiro Raizen.

Sentant des larmes incontrôlées lui couler sur les joues, elle s'empressa de porter ses mains à son visage pour l'essuyer vivement, restant silencieuse. Ses joues rougirent de honte. Elle avait beau se croire forte et penser qu'elle pouvait cacher sa peine, elle se mettait à pleurer comme une idiote pour quelque chose dont elle ne voulait plus rien savoir. Se mordillant la lèvre inférieure, elle insista jusqu'à ce que ses larmes ne cessent de couler et sorti son mouchoir de sa seconde poche pour s'assurer que son visage était sec. Sa voix tremblotait, mais elle ne voulait pas qu'il aborde le sujet. Elle continua donc sur ce dont ils parlaient avant son escapade houleuse.

" Hum...e-et toi? Tu vas souvent sur les toits? "

Elle avait dit " Les " parce qu'il était évident, vu l'arrivée toute récente de son interlocuteur, que c'était la première fois qu'il s'aventurait sur celui-ci. Une partie d'elle aurait voulu se confier, mais l'autre lui rappelait fermement à chaque seconde que son ' ami ' était un homme. Il pourrait lui aussi la blesser comme cet idiot à qui elle avait accordé sa confiance si vite pour ses beaux yeux. Elle espérait qu'il enchainerait avec un autre sujet une fois qu'il aurait répondu. Fumichan resta plantée là un moment à attendre qu'il reparle, jusqu'à ce que son ventre lui souvienne qu'elle était en plein repas et avait toujours faim. Elle hésita un moment, elle ne voulait pas montrer son visage à Hiro...mais elle avait encore terriblement faim. Se pinçant la lèvre, elle retourna s'asseoir, suivant la même démarche que plus tôt. Une fois installée, elle sauta presque sur son pain, ayant par la même occasion une bonne raison de se taire. Elle l'avait déjà presque tout dégusté.

Elle ne semblait pas relever ce que je venais de dire, mon calme revenait petit à petit en la voyant sourire. Entendre une fille si timide dire mon prénom avec tant de difficulté me rendait tout chose, c'était si chou ! Si j'avais pu j'aurai fait une tête de chat et me serais roulé sur le sol en clamant des « Gniaaaaaaa ! » mais elle aurait certainement eut peur alors mieux valait cacher ça. Je l'observais le plus sérieusement possible, elle réfléchissait. Ma question était elle si difficile ? Secouant la tête pour illustrer ce quelle disait elle expliquait que non, ce n'était pas un endroit qu'elle fréquentait. Même si je ne le montrais pas j'étais un peu gêné, encore une fois je lui avais fait faire quelque chose d'interdit... Elle ajoutait qu'elle devait faire une chose à cet endroit. Ses dernières paroles m'intriguais, je la fixais d'un air interloqué. Qu'est ce qu'on pouvait bien faire ici ? Enfin beaucoup de chose me venaient à l'esprit mais pour elle je ne voyais absolument pas. Muet comme une carpe, j'attendais la suite de son histoire. Le visage levé vers le ciel et les yeux dans le vent, elle captivait mon attention.

Finissant par poser son sandwich, elle sortait un drôle de flacon de sa poche contenant un liquide de couleur vert. Son sourire était nostalgique, remplis de tristesse. Je n'eus aucun mal à deviner que ce flacon était lié à une personne importante ou peut être à un événement... en tout cas il était un suspect dans l'affaire de la perte du sourire de Fuchan. Regardant l'horizon elle finissait par le lancer par dessus le toit de toutes ses forces. Cela confirmait ma théorie, finalement le toit n'était pas une mauvaise idée. Après avoir lancé son précieux souvenir, un air de regret s'affichait un court instant. Sans vraiment savoir pourquoi j'éprouvais de la compassion pour cette jeune fille. Tout comme moi elle avait sûrement vécu une histoire marquante, un moment qui l'avait fait souffrir. La détresse que je lisais dans son cœur me donnait envie de la prendre contre moi pour la rassurer mais je n'en fit rien... jamais elle n'aurait pu accepter un tel geste d'un inconnu. Les mots qu'elle murmura par la suite étaient à peine audible, je ne comprenais qu'un vague « sayonara ». Poser des questions ne servirait à rien. Je me tournais vers elle et aperçus des larmes couler le long de ses joues. Mon regard se détournait pour lui laisser l'intimité dont elle avait certainement besoin et mon cœur se serrait. L'envie de la prendre dans mes bras devenait de plus en plus forte. Pourquoi cette fille me rendait elle si faible ? Pourquoi m'avait elle autant hypnotisé ? Je me sentais incapable de l'abandonner, rester avec elle... c'était tout ce que je pouvais faire. Le temps m'avait peut être rendu plus emphatique envers les gens qui me rappelait mon triste passé...

Essuyant ses larmes, elle parla d'une voix tremblante alors que mon visage affichait toujours de la tendresse.

« Hum...e-et toi? Tu vas souvent sur les toits? »

Venant se s'asseoir près de moi, elle sautait sur son pain. Ses joues étaient rouges irritées par larmes qu'elle avait versé. J'essayais de sourire à nouveau, espérant pouvoir lui remonter à nouveau le moral. Le seul petit problème c'était que je n'avais aucune idée de la façon dont j'allais procéder. Pour en arriver sur le toit j'avais dut lutter pour dépasser mon asociabilité, bien qu'avec elle le dialogue semblait parfois facile. Quoi qu'il en soit je l'observais du coin de l'oeil en m'appliquant à répondre à sa question, sans en dévoiler trop sur mes activités.

« Bien oui, c'est une sorte d'habitude. J'aime me retrouver seul dans des endroits comme celui-là, ça me donne l'impression de dominer le monde. C'est un peu bête je sais ... »

Je me grattais l'arrière du crâne me sentant un peu idiot. Mon sourire revenait petit à petit. Ma conversation allait sans doute s'arrêter là, je ne savais plus quoi ajouter et la timidité de ma camarade ne m'aidait pas vraiment. En temps normal mes relations avec les femmes se limitaient à quelques banalités puis un moment plutôt … intense duquel je retirais un sérieux bénéfice. M'enfin là ça ne marchait pas pareil, il me fallait devenir raisonnable au contact de la jolie bleue.

« Lacrimosa » de Mozart s’échappait de ma poche. Je savais ce que cela signifiait... un peu gêné j'hésitais à répondre à mon appelle en mordant ma lèvre inférieur. La mélodie continuait de danser dans l'atmosphère pendant que je sortais mon téléphone de ma poche. Me levant je fis une rapide révérence à ma compagne, changeant sans le vouloir mon comportement.

« Pardonnez moi miss Tashiko je vais devoir m'éloigner un instant. Je ne serais pas long. »

Cette chanson avait sur un moi un effet envoûtant, elle faisait ressortir l'élégant Monsieur Bloods qui sommeillait en moi et qui me servait à appâter mes pauvres victimes. M'éloignant un peu de Tashiko-san je finissais par répondre au téléphone, prenant ma voix sûr de moi et charmeuse, j'espérant qu'elle ne m'entendrait pas.

« Ohayo Mitsuko-chan »

« Ohayo … Bloods-kun... J'ai besoin de vous voir. Rejoignez moi dans la chambre habituelle s'il vous plait.»

Je tournais mon regard vers ma petite bleue, hésitant à l'abandonner.

« Bien … ça attendra un peu. »

« Hmm, êtes vous occupé ? »

Fumie se remettait doucement de ses larmes, la laisser seule aurait été cruel...

« Oui, rien de grave ne t'en fait pas. Je viendrais plus tard, tu n'auras qu'à m'y attendre. »

« Comme vous voudrez Bloo- »

Je raccrochais sans même prendre la peine d'écouter cette chère Mitsuko jusqu'au bout. Rangeant mon téléphone, je me redirigeais vers ma belle puis me pencha dans sa direction avec les mains derrière le dos en affichant un sourire gigantesque. Je faisais de mon mieux pour adopter un comportement similaire à celui de toute à l'heure mais les changements aussi proches étaient difficiles à gérer pour moi.

« Je n'ai pas été trop long ? Fu-Mie-Chan ! »

Je prononçais son prénom en prenant la peine de faire une courte pause entre chaque syllabe. Parfois je me demandais ce que pensaient les autres, je changeais si souvent que ça en devenait suspect pour les personnes extérieures. Si ça se trouve, ils pensaient tous que j'étais schizophrène.

Fumie fut touchée par le sourire d'Hiro, mais il était loin de suffire pour la consoler. La petite bleue se contentait de manger son pain sans ajouter le moindre mot. Elle n'avait pas besoin de sourire ou de dire quoique ce soit...même si elle tentait de cacher qu'elle venait de pleurer il le savait déjà et cela se lisait sur son visage. Elle n'aurait su dire combien elle le trouvait gentil de se montrer aussi délicat avec elle...de la ' soigner ' sans pour autant la forcer à en parler ou la mettre mal à l'aise. Elle voyait bien qu'il faisait des efforts pour ne pas l'intimider depuis qu'il avait comprit qu'elle était réservée...et ça c'était une chose qui ne cesserait pas de la flatter. À la réponse de son camarade sur la question des visites sur le toit, elle ne fit que hocher la tête en lui souriant toujours très faiblement entre deux bouchées. Le silence avait ensuite régné jusqu'à ce que le portable du gigolo sonne.

Les sourcils haussés, la nipponne fixait la poche de laquelle semblait retentir la mélodie. Plutôt étrange comme sonnerie, pour un garçon de son âge avec un air si peu ' distingué ' à la base. Pas qu'il ait l'air mal propre, mais ça l'aurait pas mal moins étonné si un air de punk s'était échappé du portable de l'étudiant. Elle s'était tellement porté là dessus qu'elle n'avait pas remarqué l'hésitation sur le visage du violet.

La timide se remettait à peine du fait qu'il puisse avoir un air aussi classique sur son téléphone qu'elle en sursauta quand il s'adressa si poliment à elle. Trop poliment. C'était quoi ça? Il jouait un rôle tout à coup? Ou alors est-ce qu'au contraire, il venait de quitter son rôle de jeune délinquant pour reprendre sa vraie nature? Dans tout les cas, cela perturbait l'adolescente au cœur en miette, qui ne remarqua que quand il fut plus loin qu'elle avait écrasé son dernier morceau de pain dans le mouvement brusque que les paroles de son interlocuteur avaient causé. Les joues roses, elle posa le sac en papier sur le toit, qui tenait là cause du pain écrasé dans le fond, et réalisa qu'elle n'avait rien à boire. C'était dommage.

En fait, elle cherchait délibérément quelque chose pour se distraire. Si elle avait eu un jus, elle aurait pu le boire bruyamment pour être certaine ne pas entendre la conversation que Bloods avait à quelques mètres plus loin. Sans cela, elle ne voyait pas comment elle pouvait s'empêcher d'en avoir des échos. Sa voix était soudainement si étrange. Elle avait l'impression que le garçon qu'elle trouvait si sympathique était disparu. Les séducteurs, contrairement à la clientèle de son ami, ça la répugnait. Elle n'avait rien contre un peu de charme...il en faut bien à quelque part, mais dans l'état où elle était ce ton lui donnait l'impression de se faire jouer dans le dos. Alors que pourtant, elle n'avait aucunement une relation avec Hiro. Ils n'étaient que deux étrangers qui, hasard après hasard, se retrouvaient à déjeuner ensemble. Elle allait s'apprêtait à se lever pour fuir quand il revint.

Le sourire qu'il avait au visage lui fit perdre ses moyens. Elle détourna le regard en s'empourprant à nouveau. Il avait de la chance, elle n'avait pas remarqué la ' maladresse ' dans son retour à lui même. Ce qui ne l'empêchait pas elle même de se montrer maladroite. Ouvrant son dessert en tirant sur le papier coincé entre ses doigts, elle tenta elle même de ne plus penser à cette 'personnalité' si étrange qu'elle avait cru apercevoir à l'instant. Les mots sortirent d'eux même sur un ton taquin après qu'elle ait ricané. Peut-être tentait-elle de se convaincre qu'il n'était pas cet homme au ton charmeur de plus tôt? Son rire et ses paroles étaient toutefois sincère. La serveuse de sushi n'aurait pas dit les choses différemment même sans cette impression de dédain qu'elle avait eu plus tôt.

" Tu es bizarre Hiro-kun ! C'était qui p-pour que tu te mettes à me parler comme ça? Ta mère peut-être? "

Où alors était-ce simplement le peu d’innocence qui lui restait qui se montrait le bout du nez? Elle ne réalisait pas la signification de la discussion qu'elle n'avait perçu qu'à moitié. Ce qu'elle venait de demander le prouvait bien. Elle ne réalisait pas non plus que ce qu'elle venait de dire pouvait sembler si blessant à ses yeux. Elle...elle qui avait sa petite famille parfaite et si unie malgré leurs problèmes de finances...elle ne réalisait ps que le lycéen n'en avait pas. Continuant de rigoler à la tête qu'il lui faisait, elle finit par glisser ses doigts à l'intérieur du papier pour en retirer un petit cupcake à la banane qu'elle dégusta sans un autre commentaire.