« Les amis, les amours, les emmerdes » Si la vie d’Hitsu était une chanson ce serait celle là, sans l’ombre d’un doute ! On a beau dire dans les clichés des femmes à peu près sexy qui se font tourner autour par les hommes avaient tout pour réussir, se trouver un mari riche, beau, intelligent … Ce n’était pas le cas de la nouvelle C.P.E. À peine avait-elle mis les pieds sur cette fichue île, oui car elle semblait fichue à ces yeux cette île où elle allait devoir bosser pour mater des gamins turbulents qui avaient encore du lait qui sortait du nez, à venir blâmer les élèves qui allaient entrer dans son bureau avec des coups à la face, des mauvaises plaisanteries, des histoires de cœur en croyant que c’est la psy … Elle avait pu en voir des cas comme ça dans le lycée où elle avait été en stage pendant six mois. Et bien sûr, les profs hommes avaient eu la salle habitude de lui faire des avances. Elle avait cédé à un des profs, un prof de français vraiment sympathique qui l’avait invitée à boire, l’écoutait se plaindre entre deux verres et lui faisait de même. Ils étaient sortis ensemble dans des quartiers de Tokyo comme un vrai couple. Banal quoi. Mais ce dont ne ce serait jamais douté Hitsu serait ce mail qu’elle a reçu sur le trajet en bâteau. Ce salaud était marié. Jamais il n’avait porté son alliance quand ils étaient ensemble et sa femme venait de le menacer de divorce si jamais il essayait de la rejoindre. Ça laissait Kohana-chan bien furax et surtout triste, car un instant elle avait essayé de croire encore en la sincérité d’un mec. Maintenant c’est sûr c’était fini et sa pancarte allait lui servir à l’entrée de son bureau. Si jamais un seul mec lui faisait des avances, elle le butait. C’était pire que la phobie , c’était un rejet total qu’elle en vomissait et frappait à mort les hommes maintenant. La vie ne l’avait pas gâtée et comme toujours elle allait s’endurcir et se renfermer un peu plus dégoûtée parce que l’on appelait homme. Il faisait mauvais en plus quand elle posa ses bottes sur le béton du quai. Un orage vrombissait et dans un instant il n’allait pas tarder à pleuvoir des cordes. Encore heureuse, son hôtel se trouvait près du port et si elle se dépêchait avec deux valises et trois sacs, elle serait à sec. Alors un, deux, trois … On court !

Voilà qu’Hitsu se met à piquer un sprint monumental alors que les premières gouttes de pluie commencent à tomber alors elle accéléra son pas, bien décidée à ne pas mettre en l’air son manteau de cuir noir et sa tenue traditionnelle. Encore un effort et pouf juste au moment où elle passe la porte il tombait des cordes démentielles qui frappaient fortement sur les toitures et les vitres. Un typon ? Non on aurait déjà entendu la sirène au loin quand elle était sur le bâteau et ils n’auraient pas fait le trajet en mer si c’était le cas. Elle soupira d’aise pendant qu’elle envoyait enfin un message à l’ancienne collègue qui l’avait prévenue de ce « contretemps » sentimental. Elle avait envie de pleurer comme une gamine pour une fois, mais elle restait droite dans ses bottes et elle supprima ce numéro maudit et synonyme de douleur. Jamais de chance avec les mecs, telle était sa destinée. Le seul qu’elle appréciait était son frère et encore on l’empêchait de le voir, ainsi que sa propre mère. Ce salopard qui était censé s ‘appeler père l’avait interdite de séjour dans la maison familiale et maintenant elle se retrouvait comme une cruche pantelante avec ses sacs et sa misère. Et à présent on faisait quoi ? Séance bourrage de crâne à l’éthanol, ça allait tomber. C’était le seul moyen pour elle de passer à autre chose et de lâcher sa frustration. Une fois ses valises et sacs portés à bout de bras sans mal dans des escaliers en colimasson interminables pour enfin finir dans une chambre potable avec le stricte nécessaire. C’était juste avant d’aller dans l’endroit que lui avait déniché une de ses amies qui allait lui passer les clés pour une maison résidentielle. Mais pour l’instant là n’était pas la question. Il fallait qu’elle se trouve sa dose d’alcool et vite car elle avait déjà sifflé toute sa bouteille de vin rouge. Une bouteille qu’on lui avait offerte pour sa promotion justement.

Hitsu balança la valise sur le lit et en sortit sa superbe veste imperméable venant d’Irlande toute noire pour la mettre sur les épaules. Rien de mieux que ce genre de manteau à bas tombant pour cacher ses formes et puis une casquette qui allait la protéger de la pluie. Elle haïssait les parapluies, aussi encombrants qu’un homme justement. C’est sous une pluie beaucoup moins forte qu’elle se dirigea dans un bar et ouvrit la porte de cet univers on ne peut plus rafraîchissant dans ce genre de moments. Mais le hic était que du monde venant de l’extérieur et se plantant devant l’entrée bloquait. C’est donc ni une ni deux que la jeune femme les poussa ces mecs inutiles en leur hurlant des « barrez-vous » « aller boucher vos c*ls plutôt que le chemin ». On avait déjà gâché sa journée alors autant ne pas en rajouter une couche. Les hommes avaient envie de la frapper et elle attendait que ça de les frapper pour se défrustrer. Mais sauf qu’ils virent enfin ce qui se cachait sous le manteau une fois qu’elle était installée et libérée de ce cuir et ils se mirent à siffler. Histu leur jeta un regard noir avant de commander un cocktail appelé Velvet Blue. Le barman lui apporta la commande pendant qu’elle observait la salle et ses convives, les jambes croisées avec son incroyable décolleté. Elle ne remarquait pas qu’à soupirer aussi fort cela rehaussait sa poitrine forte des 65 kilos de la jeune femme puis elle contempla le verre plus bleu que ses yeux. Elle en avait vraiment marre de se faire entuber par des mecs, qu’ils soient mariés ou pas. La taquiner, lui offrir des trucs, être gentil, tout ça pour elle c’était du pipeau et une chose dégueulasse. Après on la disait sans cœur avec tout ce qu’elle se recevait, la bonne blague. Soudain, une voix que maintenant elle haïssait, une voix d’homme résonna dans sa tête et elle se mit se suite de côté par pur réflexe en parlant avec un grognement de rage :

« Non ça va pas ! On peut pas me laisser ce p*tain d’espace vital que je demande ? Allez en draguer une autre, je suis trop expérimentée pour vous de ce côté là. J’ai eu tous les types de charlatans avec des gu*ules d’ange comme la votre alors laissez-moi boire en paix, j’en ai besoin ! »

La future C.P.E prit son verre en main et alla se trois mètres plus de cet homme certes sexy, mais qui avait dû en voir. Et c’est pas Hitsu qui allait tomber dans le panneau. Et pourtant, alors qu’elle s’installait, elle sentit des larmes couler sur son visage et glisser sur sa nuque. Elle pleurait comme une madeleine sans doute à cause des premiers effets de l’alcool qui se faisaient sentir et elle donna un coup de poing de la table avant d’étaler les bras sur celle-ci pour y cacher son visage. C’était pas sa journée et elle avait besoin de se lâcher. Les hommes l’avaient détruite donc il ne valait mieux pas lui en rajouter une couche pour ce soir. C'est là qu'elle reçut un appel. Un appel provenant de son ex et elle regard avec des yeux complètement vides telle une droguée l'écran avant de prendre l'appel et essayer de lui parler avec le plus grand calme possible. Elle dit juste avec un ton cassant qu'il avait pas eu le tact alors que c'est un prof de lui parler de son mariage, qu'il lui avait menti tout le long et que maintenant elle s'en fichait bien de son avis. Elle raccrocha et posa le portable sur la table en restant interdite quand celui-ci se remit à sonner. C'était vraiment pas sa journée ...

Si l’on avait dit qu’un mec allait lui coller aux basques ce soir là à cette heure après ces événements, elle se serait tiré une balle dans la tête. Oui, sans rire elle aurait vraiment fait la roulette russe avec n’importe quel revolver du moment qu’il avait assez de balles pour lui permettre de finir sa vie. Quoi c’était une violente ? Bien sûr que oui et elle n’allait pas le cacher, si ? Mais en vrai elle était ravie qu’il essaie de lui remonter le moral, mais juste dans le fond. Car elle n’était pas prête à recevoir la gentillesse d’un membre de la gent masculine, pas encore en tout cas. Son cœur saignait encore de ce malheur trop vif alors, la laissant à demi comateuse avec en plus la quantité d’alcool qu’elle s’était enfilée depuis son arrivée. Elle se remémora la première phrase de cet inconnu qui essayait encore et toujours de tenter un approche plus ou moins suspecte sur sa personne. Et il n’avait pas à lui dire ça, non mais oh ! Il se prenait pour quoi ? Le père sagesse ? Kohana n’aimait vraiment pas qu’on lui donne des ordres car c’était une dominatrice pure et confirmée qui pouvait certes être un vrai bisounours mignon qui ne fait que rougir et être aimante, mais elle restait impartiale sur ce que l’on pouvait appeler le côté amour masculin. Elle était un peu comme Isabela de Dragon Age 2, ne croire en aucun cas les hommes, avoir peur de leur amour, coucher avec puis les repousser. Oui, c’était l’idée qui était en ce moment en train de traverser l’esprit de la jeune C.P.E. Coucher avec certains mecs en les faisant bien mariner de désir puis les plaquer comme des vieilles chaussettes. Mais elle ne ferait pas ça avec les élèves du lycée, c’était des minus à ses yeux qui avaient encore du lait qui sortait du nez. Mais en ce moment, un fichu mal de tête la prenait et la cause en était cet homme qui devait sans doute la trouver en premier abord râleuse, désagréable au possible, et alors ? C’était une louve solitaire et elle n’était pas là pour faire de cadeaux à qui que ce soit. Si la jeune fille avait eu une dague sous la main, elle l’aurait faite volée sur la nuque musclée de cet homme trop curieux et vraiment encombrant. Alors pourquoi dans le fond elle voulait le remercier ? Parce qu’elle était gentille, elle aussi, dans un coin de son cœur meurtri. À sa première phrase, voilà ce qu’elle dit en ayant avant bu le liquide bleuté d’une traite :

« Je fais ce que je veux ! Vous allez pas m’imposer quoi que ce soit et je bois si je le souhaite. C’est gentil de vous inquiéter pour moi mais je préfère qu’on me laisse digérer ce truc qui s’appelle déception amoureuse vous voyez ? »

Et puis c’était quoi cette farce encore avec ce serveur qui apportait un bol avec un truc fumant dedans ? Kohana sentait que son calvaire ne faisait que commencer, malheureusement. Une soupe de légumes … Elle savait pertinemment ce que tentait de faire cet homme et cela la faisait un peu sourire, étant un peu reconnaissante de sa gentillesse, mais surtout plus faible niveau caractère avec l’alcool qu’elle venait de s’enfiler. La jeune femme poussa un soupir en se baissant un peu, les coudes sur ses cuisses, laissant sa belle poitrine se serrer entre ses petits bras musclés. Elle n’avait vraiment pas envie de le remercier mais elle allait bien y être obligée à un moment ou à un autre et puis non. Elle allait esquiver ce passage à sa manière, en jouant pour le plaisir la femme capricieuse et chipie comme il devait le penser en son for intérieur. Alors qu’il poussait le bol en sa direction, elle répondit à ses mots avec un certain sarcasme :

« Oh si ce n’est pas mignon, j’ai un chevalier servant ce soir. Mais désolée de vous décevoir, je tiens merveilleusement bien l’alcool vu le nombre de cuites que je me suis prise avec mes … ruptures plus ou moins conventionnelles. Et puis j’aurai préféré vous voyez, comme c’était mon intention après, de partir d’ici et d’aller me chercher vraiment à manger. Pas ce … truc qui est en plus mal préparé et doit venir d’un paquet de soupe préparée. »

Kohana enfonça sa cuillère dans le liquide pour le prouver à son interlocuteur et montrer la surface trop liquide et bien broyée à la machine industrielle de cette « soupe ». Elle savait malheureusement cuisiner, cette chipie et reconnaître le vrai du faux. Il le fallait bien, vu le nombre de mutations de ses parents fonctionnaires dans tout le Japon. C’était elle qui battait le fer dans la maison, pour le meilleur et pour le pire de ses parents. Mais surtout pour le meilleur car le pire c’était juste les petites erreurs de départ quand on y connaît vraiment rien. La jeune femme laissa donc ce « potage » avec sa cuillère dedans bien posée et reprit calmement, sans que l’on se doute de la quantité d’alcool qu’elle s’était enfilée :

« Je préfère encore aller me chercher un bol de ramen vous voyez, à l’échoppe ambulante qui se trouve juste en face. Au moins, ce pauvre bougre il cuisine pour gagner une misère alors que vous, vous allez payer le prix fort pour votre pseudo potage. Ah et puisque vous tenez tant à le savoir … »

Elle fit une pause dans sa phrase et remit en place le ruban rose à sa taille une fois levée. Elle observa encore une fois comme tout à l’heure ce pauvre marchand qui essayait de vendre le fruit de son travail pour moins de ce qu’offrirait un restaurant et ça faisait vraiment mal au cœur de la jeune C.P.E. Elle commença à partir avant de se retourner vers Saruta avec un air mélancolique et doux, reprenant sa phrase :

« Je me nomme Kohana. Kohana Hitsu. »

Kohana sortit ni une ni deux du bar après avoir repris ses affaires et se dirigea vers l’échoppe où le pauvre vieux essayait désespérément de vendre son pauvre produit aux passants. Et pourtant, les gens avaient tord car une merveilleuse odeur sortait de sa petite cuisine, un mélange de porc confit cuit dans un bouillon juteux aromatisé aux algues. Elle se plaça sur un des sièges et commanda un grand bol, très grand bol car oui c’était aussi une bonne vivante, de ramen afin que le gars puisse faire sa journée. C’est ainsi qu’elle commença à manger ces délicieuses nouilles, après la formule de politesse due, avec ces petites baguettes en porcelaine spécialement prêtée par cet homme. Kohana voulait faire bombance, et elle n’allait pas s’en empêcher car ça c’était de la vraie cuisine ! C'est ainsi qu'elle commença avec la plus grande habileté et délicatesse à manger ce met certes populaire dans ce pays, mais divinement bon, qu'elle en rougissait de plaisir, les larmes aux yeux à chaque bouchée.