Je sentais mon corps se décontracter, mon rythme cardiaque reprenait une allure normal. Essayant de me reposer quelques instant, je faisais le vide en moi et partais dans mes pensées

* C'est étrange comme on peut se sentir en sécurité dans des endroits si peu accueillants. Y a à peine 5 minutes je tentais de sauver ma peau et là me voilà à moitié endormie dans une maison délabrée...*

Des bruits commençaient à se faire entendre, l'ouverture de la porte d'entrée puis des pas, léger mais bien présent. A cet échos je me redressais sans hésitation, j'essayais de me relever mais en vain. Les muscles de mon corps peinaient à répondre aux demandes de mon cerveau, je décidais de rester à terre mais dégainais mes armes prête à tirer en cas d'ennuie. Je glissais sur le sol pour m'abriter derrière une table renversé. Vu mon état je n'avais plus le choix, je devais rester prudente, discrète et sur mes gardes. A la moindre menace je ferais feu sans et tant pis si cela cause encore des dégâts. Une ombre apparue sur le sol, puis semblait de plus en plus proche. Un garçon commençait à entrer dans la pièce. Il venait tout juste d’entrer dans la pièce quand je l’arrêtais avec le son de ma voix.

« Stop ! Met tes mains en l’air et ne bouge plus d’un millimètre tu veux ?! Qui es tu et qu’est ce que tu fais ici ? »

Ce garçon semblait bien étrange, on m'avait toujours appris à ne faire confiance à personne surtout à ceux qui semblent innocent. Mes armes toujours braquées sur lui je restais toujours aussi méfiante, après tout dans ce métier je ne connais pas tout le monde, beaucoup de visages restent inconnus. Cependant je le laissais avancer.

« Tu fais un seul mouvement et je n'hésiterais pas à tirer. »

Avant qu'il ne réponde je me levais avec beaucoup de peine, rengainais l'un de mes gun, l'autre toujours pointé sur lui. Je m'approchais sans le quitter des yeux et aperçut les formes d'une arme contre son torse, mon premier réflexe fut lui braquer la mienne sur la tempe.

« Je t'ai demandé qui tu étais exactement. Donne moi ton nom, ton prénom. Avec un peu de chance je ne repeindrais pas les murs avec ta cervelle. »

Je lui confisquais son arme, la rangeant à l'emplacement destiné initialement à celle qui restait dans ma main. Je reculais en titubant, laissant des gouttes de sang tombées sur le sol, j'arrêtais ma marche en m'adossant sur le mur en face de lui. Attendant toujours qu'il se présente.

Je le regardais l'air méfiant, "le lycée tsubasa" ? Je n'ai plus qu'à espérer qu'il soit vraiment de mon côté. Un soupire s'échappa de ma bouche.

« Premièrement je suis parfaitement en état de me battre, deuxièmement qui te dit c'est moi que tu dois aider ? C'est peut être moi qui suis la méchante dans toute cette histoire. Troisièmement, je n'ai aucune confiance en un type que je ne connais que depuis 2 minutes. »

Je commençais à redevenir un peu plus sociable, après tout il faudrait que je le coutoie au lycée alors pourquoi lui mentir sur mon identité ... Puis apprendre à le connaitre n'est peut être pas une si mauvaise chose.

« Je m'appelle Kenshi Tettsui et je ne suis aucunement ravie de savoir que tu étudiras prochainement dans le même lycée que moi. »

Des bruits de pas se firent à nouveau entendre devant la porte d'entrée, je m'approchais d'Alistair et posais mon index sur ses lèvres pour lui faire comprendre de se taire. M'approchant de la porte avec le peu de force qu'il me restait, je me stoppais un peu avant d'arrivé à sa hauteur. Je reconnu sans problème la silhouette de mon partenaire qui, me connaissant, avait facilement deviné où je pouvais bien me cacher. Je tendais l'oreille attentivement pour vérifier qu'il n'y ai personne d'autres avec lui. Je reculais rapidement sans bruit, pointant mon arme devant la porte je tirais trois coups et vit l'homme tomber à terre. Mission remplie. Je retournais le plus rapidement vers celui qui semblait être mon allier temporaire, le prenant par la main je l'emmenais plus loin dans la maison.

« Mieux vaut s'éloigner de cette porte et se mettre dans un endroit un peu moins dangereux. »

Je m'arrêtais dans une pièce de l'étage, je lui tendis son arme avec pour seul communication un regard qui faisait passer mon sentiment de confiance forcé. S'il était vraiment de mon côté je ne pouvais pas le laisser sortir à cause de ces crétins qui traînent dehors et s'il était contre moi, mieux valait le garder pour ne pas prendre le risque qu'il signale ma position. Quand à son arme... qu'elle serve à me sauver ou à abréger mes souffrances, cela m'importait peu finalement.

Il voulait m'abandonner pour régler mes affaires. Pouvais je vraiment lui faire confiance ? Dans la rue j'entendais les amis de Doteio se presser, je n'avais plus vraiment le choix. Mon état état critique, soit je lui faisais confiance, soit je continuais à faire ma tête de mule et nous mettais tout deux en danger. Mes jambes ne me portaient plus, je m'effondrais sur le sol et le regardait partir après avoir lâché un "Fais attention à toi" sur une voix douloureuse. Je commençais à ressentir une sorte de frisson monter en moi, mon corps réagissait à l'éloignement de ce garçon... comme si la peur de perdre cet inconnu m'envahissait, après tout, il était mon seul allié à présent. Des bruits de lutte et des coups de feu résonnaient dans la maison, je me recroquevillais sur moi même en posant mes mains de chaque côté de ma tête, paupières closes. J'imaginais dans mon esprit ce qui pouvait bien se passer en bas, est ce qu'il était blessé ? Et si oui, était ce que de ma faute ? ... Voilà que je me mettais à culpabiliser pour une mort encore imaginaire. Je tentais de me ressaisir, après tout il n'avait pas l'air du genre à mourir si facilement. Pourtant l'angoisse que je ressentais ne cessais d'amplifier. Qu'est ce qu'il m'avait prit d'accepter un tel job ! Je détestais ce travail, tuer des gens ne me dérangeais pas, j'ai toujours été de nature violente... non... ce qui me gêne est de mettre des gens dans l'embarra et de ne pouvoir accorder ma confiance à personne. Je relevais la tête en remarquant une larme qui avait coulé le long de ma joue, je scrutais la porte, espérant voir Alistair revenir. Le vacarme cessa brusquement, que fallait il faire ? Descendre ou attendre sagement ici de savoir qui s'en était finalement sorti ? La porte s'ouvrit lentement, laissant apparaître une mèche de cheveux blanc, je reconnu rapidement le visage d'Alistair qui me rejoignait enfin. J'essuyais la goutte d'eau salé de mon visage, me relevais sans prendre garde à l'état de mes blessures ni même au mal que je ressentais et me dirigeais vers le jeune garçon. Je ne fis guère beaucoup de pas avant de sentir à nouveau mes jambes flageoler et mes forces disparaître, je m'écroulais dans les bras d'Alistair, lui parlant d'une voix douce qui ne masquait pas l’inquiétude que j'avais ressentie quelques minutes au par avant.

« Dieu merci tu n'as rien. »

Je ne bougeais plus, les yeux fermés, ma tête contre son torse, pour la première fois depuis longtemps je me réjouissais de la vie de quelqu'un. Je repris mes esprits quelques instants plus tard, non mais voyons ! Qu'est ce qui me prenait tout à coup ? Moi ? M'attacher à quelqu'un comme lui ? Dans une telle situation en plus ... Je me détachais de lui rapidement, rougissant et affichant un air plus que gêné.

« Pardon, je ne sais pas ce qui m'arrive... J'ai eu peu pour toi alors ... enfin, merci...»

Mon regard posé sur le sol, je n'arrivais pas à regarder cet étranger. Il m'avait sauvé la vie, "merci" était pourtant une chose que je ne disais jamais. Lorsqu'on ne peut compter sur personne, c'est un mot que l'on finit par ne plus employer.

Sans comprendre comment, je me retrouvais dans les bras d'Alistair. Mon corps ne réagissait plus, cette situation semblait le pétrifier. Mon regard était fixé sur le jeune homme, mes lèvres légèrement entre ouvertes et mes joues rougissantes trahissaient à nouveau des émotions que je ne parvenais pas à ressentir en profondeur et dont je ne connaissais pas la signification. arrivé devant les escaliers je reprenais le contrôle et me mit à me débattre jusqu'à ce que mes pieds touchent à nouveau terre. Je n'avais pas envie de quitter cet endroit ... je ne pouvais pas revenir au lycée dans cet état ! Et où allait il m'emmener ? Non vraiment, puis revenir dans un tel accoutrement aurait entaché ma réputation d'élève modèle... Sans oublié que ... d'une certaine façon, j'aimais cet endroit... oui, je l'aimais parce que je commençais à apprécier la présence d'Alistair, même si je ne comprenais pas pourquoi.

« NON ! Je veux rester ici. S'il te plait ... C'est important.»

Je ne savais plus trop quoi faire, ni quoi dire. Non, moi je voulais simplement rester. Attendre ici que mes forces me reviennent pour rentrer incognito au lycée et m'occuper de mes blessures, voilà ce que je voulais. Et, si la possibilité se présentait, qu'il reste avec moi à patienter.

Je devenais soudainement très sérieuse, essayant de me souvenir de mon entrainement. "Surmonter la douleur, y faire abstraction", "La douleur est ton pire ennemie, elle apporte la peur et la faiblesse !" Je fermais les yeux et prenais avec grande inspiration, me redressant le plus possible je faisais ainsi le vide en moi. Quelques instants plus tard, je rechargeais mes guns, les rangeant ensuite dans les étuis respectifs. Mon instinct de tueuse reprenait le dessus, mon regard devenait froid, mon visage ne marquait aucune expression autre que celle de la violence. Je sortais mon Katana et le plantais d'un coup sec à quelques centimètres de la tête d'Alistair.

« Cela répond à ta question ? »

Je rangeais mon arme et n'arrivais plus à quitter cette sorte de transe dans laquelle je m'étais plongé. Une fois cette partie de moi ressortie, elle devenait presque incontrôlable. Tant qu'elle ne blessait pas celui qui était à présent mon allié, je ne voyais pas d’inconvénient à la faire rester.

Empoignant mes pistolets, je passais devant Alistair avant de m'arrêter quelques pas plus loin et de le regarder avec un air sûr de moi.

« Ce sont mes affaires, si tu ne veux pas y prendre part, tu n'y es pas forcé. Tu n'auras qu'à m'attendre à l'étage, je devrais m'en sortir sans problème. »

Porter la mort de quelqu'un est un fardeau dont je ne voulais pas m'encombrer. La violence et la force de ces hommes ne m'étaient guère inconnues. Même si rien ne me reliait à Alistair, je sentais en moi que sa perte ne me laisserais pas totalement indifférente. Cependant je préférais cacher cela en affichant cet air hostile qui me va si bien.

Sur les mots d'Alistair j'allais me placer de l'autre côté de la porte, le laissant me suivre non sans ressentir une légère appréhension. J'empoignais mon Katana, le faisant lentement glisser hors de son étuis. Alistair tirait comme il pouvait sur les hommes se trouvant derrière la porte. Malgré les coups de feu j'entendis quelqu'un s'infiltré dans la pièce d'à côté, sans doute par une fenêtre. Je m'approchais doucement près de la porte qui accédait à cette pièce, j'entrais comme une furie, esquivant les coups de feu comme je le pouvais, arrivé près de mon adversaire j'exécutais un saut et retombais en plantant mon arme dans son épaule. D'un mouvement parfaitement calculé je tranchais celle-ci puis fis un cercle pour faire revenir ma lame aiguisée à souhait contre le cou de ma victime que je découpais sans pitié. Le sang jaillissait et tout ce que je ressentais était une étrange satisfaction qui fit apparaître sur mon visage un sourire carnassier à la Leiko. Dégainant mon flingue, j'allongeais sans problème les quelques gu-gus plantés dehors. Il n'y avait plus aucun bruit, je retournais voir Alistair sans parvenir à faire disparaître cet air de plénitude de mon visage couvert de sang.

« On est tranquille pour un moment. Je ne pense pas que d'autres viendront avant quelques temps. »

Je fermais les yeux, prennant une grande inspiration qui se transformait en soupire. J'essuyais du revers de ma main le sang qui humidifiait abondamment mon visage. Ce qu'on faisait ? Je n'y avais même pas réfléchi. Mes forces restantes ne me suffiraient pas à rentrer au lycée sans alerté les membres de l'établissement. Je paraissais encore forte et froide mais dans le fond ce n'étais qu'une apparence. Je réfléchissais à toute vitesse, on part ou bien ...

« Hmm... C'est une bonne question. Je ne sais pas si j'arriverais à rentrer tout de suite au lycée. Si tu veux partir tu es lib... »

Ma vision se troublait, j'avais malheureusement perdu beaucoup de sang, je peinais à parler et mes jambes avait des difficultés à soutenir mon corps. "Dark Kenshi" disparaissait peu à peu, je me retrouvais vite seule face à cela. J'essayais de ne pas perdre la face devant Alistair mais une balle dans ma hanche que je n'avais pas encore senti me fis souffrir terriblement. Je poussais un crit de douleur intérieur qui se traduisit par un pincement de lèvre et une compression de ma main que je posais sur ma blessure.

« Tu es libre de partir. »

Je commençais à avoir des vertiges mais tentais de les cacher. Je ne voulais pas qu'Alistair reste par pitié, je me donnais du mal à cacher les douleurs que mon corps me faisait subir.

J'avais échoué, il avait compris sans aucune difficultés que j'étais très mal au point. Il m'emmenait sous un lampadaire pour m'examiner. Un objet pointu ? Pas besoin... Je le repoussais, lui demandant de se retourner. J'empoignais mon katana et agrandit légèrement le trou de la blessure. Une fois ceci fait, je me mis à fredonner une chanson pour concentrer mon esprit sur quelque chose. J'entrais mes doigts dans la plaie, laissant ma voix cristalline, portée par le vent, effacé ma douleur physique. Le son qui s’échappait de ma bouche devenait plus ou moins fort ou accentué sur certaines notes selon le degré de souffrance que je ressentais. Je parvenais enfin à décoincer la balle, en la retirant je sentais ma tête partir vers l’arrière, comme soulagé, ce mouvement était accompagné par un gémissement de douleur. Mon regard se posais sur Alistair, et d’une voix affaiblie je lui demandais…

« Alistair, donne moi le tissu s’il te plait. »

Il fallait que j’empêche mon sang de couler, faire tout cela devant lui ne me plaisait pas mais je n’avais pas réellement le choix. Je ne voulais pas qu’il s’occupe de moi, il m’avait suffisamment aidé pour ce soir. De quel droit je le retenais … on ne se connait pas après tout, et pourquoi ne me laisse pas t-il pas ici, me vider de mon sang ? Il aurait pu me tuer ou s’en aller avant la bataille, ou même quand je lui ai dit qu’il était libre de me laisser… Alors… que faisait il encore là ?

« Dis moi… pourquoi es tu encore ici ? »

Alistair paraissait dans un autre monde, était ce à cause de ma chanson ? Je n'avais pourtant fais que la fredonner ... J'attrapais le tissu en le remerciant. Je le nouais de façon à ce que la blessure se retrouve compresser et qu'elle finisse à terme par ne plus saigner. Qu'est ce qu'il lui prennait tout à coup ? Je ne savais pas quoi répondre, je me contentais d'un sourire amical. Un vent froid caressa mon corps et me fit frissonner. En tournant mon regard vers Alistair je vis une blessure sur son épaule gauche.

« Oh, Tu es blessé ! Est ce que ça va ?! »

Sans attendre de réponse je me remettais à sa hauteur et examinais la plaie. Oui, je l'avoue, j'étais inquiète pour lui.

« ça ne semble pas très profond, je vais m'en occuper. Tu devrais pas avoir mal. »

Je défesais le haut d'Alistair pour découvrir sa plaie, la vue de son corps de faisait rougir mais je tentais de la cacher. Je posais ma main gauche sur son épaule, pressant mes doigts près de la blessure. Avec mon autres main je touchais plus ou moins intensément quelques parties de son bras puis de son torse ainsi que ses jambes. La balle bougeait, remontant un peu plus à la surface à chacun de mes touchés. C'est en appuyant près de son genoux qu'elle tomba hors de l'épaule d'Alistair. J'arrachais un nouveau morceau de ma chemise sous ma ceintude pour éviter les endroits couvert de sang et fit un bandage au garçon.

« Tu n'as pas eu mal ? »

Je sentais la gêne que j'avais occasionné mais ne regrettais pas d'avoir été si proche de lui physiquement. Cependant, je me sentais l'obligation de m'éloigner un peu. Plaçant délicatement une mèche de ma chevelure ondulée derrière mon oreille je lui répondais timidement.

« Ce sont mes parents qui m'ont enseigné cela, comme l'art du combat d'ailleurs. C'est une sorte d'ostéopathie, mais en un peu plus complexe... une technique très utile mais que je ne connais pas assez pour soigner n'importe quelle blessure. »

N'ayant pas refermé la chemise d'Alistair, je n'arrivais plus à le regarder sans ressentir un certain malaise. L'air dévenait de plus en plus frais, j'étais gelé et à moitié nue ou presque ... J'en avait la chair de poule. Je commençais à me diriger vers la maison en grelottant, je m'arrêtais à quelques pas du jeune homme et le regardait d'un air suppliant.

« Tu ne voudrais pas que l'on rentre dans la maison ? Il commence à faire vraiment froid et aussi surprenant que cela puisse paraître... j'ai une santé fragile. »