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Lorsque Eiiji ouvrit la porte du petit bar, ses yeux se posèrent tout de suite sur la mer humaine dans celle-ci, des vagues de clients dévastaient les lieux alors que plusieurs attendaient d’avoir une table libre pour manger un petit quelque chose ou boire un verre. Là, sa main se resserra légèrement sur la poignée, se demandant un instant si il ne devrait tout simplement pas rebrousser le chemin. Après tout, il y avait des tonnes de bars, il serait sans doute très facile d’en trouver un autre tout aussi succulent et sans aucun doute moins bondé de gens. Puis, un raclement de gorge se fit entendre derrière lui. La surprise le prenant, il avança dans l’établissement, faisant la file comme tous les autres sans vraiment le vouloir, histoire de pas être dans les jambes de qui que ce soit. Ses mains vinrent se joindre devant lui, se renfrognant alors qu’il pinçait les lèvres. Maintenant qu’il était entrer et tout, autant faire la file et d’y rester.

Et c'est ce qu'il fit, attendant patiemment alors que les gens se faisaient placés petit à petit, la file avançant lentement. Pourquoi avait-il décidé de venir au bar ? Il aurait très bien pu passer à la cafétéria, s'acheter quelque chose rapidement et repartir comme il était venu pour manger tranquillement à l'extérieur. Parce que oui, le temps était clément aujourd'hui. Le soleil s'était montré généreux et avait osé pointer le bout de son nez, les réchauffant doucement avant de reprendre le cours de la pluie incessante. Le calme avant la tempête. Il ne comprenait pas pourquoi les gens décidaient de s'enfermer dans de tels lieux, aussi luxueux soient-ils alors que le beau temps leur souriait ? Il se doutait même que quelques employés regardaient par la fenêtre avec envie, comme cette serveuse au loin qui débarrassait une table avec lenteur, les yeux rivés sur la vitre près de celle-ci. Et bientôt, Eiiji pu voir un homme se diriger vers lui, lui parlant peu, sans doute avec un ton sec d'après son expression, alors qu'il lui pointait la table du doigt. Ah, il devait lui dire de se remettre au travail au lieu de rêvasser, ce qu'il fit avec un soupire peu discret. Après un instant, il put enfin aller au bar et s'assit devant.

Cette fois, la proximité des gens ne le dérangèrent pas, ses yeux fixés sur le serveur prenant la place d’une blonde souriante. Ses yeux ne dérivèrent quelques fois aux alentours et plus vite qu’il ne put l’imaginer, il se retrouvait devant lui et il lui adressait la parole. Là, tout coinça. Sa commande ? Quelle commande ? Il le regarda, silencieux. Il réfléchit un instant et répondit :

Un café s’il vous plaît.

Blablabla. Une marée humaine. Trop de gens. Eiiji ? Il s'en moquait bien. Il y avait d'ailleurs beaucoup trop de gens pour qu'il fasse attention à la présence d'une personne près de lui.

Eiiji avait été tranquille jusqu'ici. Il se trouvait dans son monde, peuplé de personnes et de décors à couper le souffle. Jusqu'à ce qu'elle arrive. Cette femme. Cette rousse. Eiiji sentait qu'il allait passé ce que l'on appelle communément et avec toute la politesse des gens bien élevés une putain de journée de merde. Il la sentait mal cette gonzesse. Air de grandeur, on dirait qu'elle se prend pour une star. Et il lui en faut du temps pour choisir un verre. Savez-vous que la plupart des gens ne réfléchissent pas quand ils passent une commande. Et oui. Les gens ne réfléchissent, du moment qu'ils ont quelques à boire et qui leur faire du bien. Sale rousse va.

Triste spectacle.

La folle. Elle s'en prend au malheureux serveur. Elle lui froisse sa chemise toute blanche. Elle pourrait lui cracher à la figure aussi. Ca ferait encore plus "je suis un chien dangereux, cassez-vous". Eiiji fixa la transparence de son verre. Le verre était en verre, étincelant, incolore, et son contenu l'était tout autant. On voyait tout ce qu'il y avait à l'intérieur, et on ne voyait rien à la fois. Il était un peu comme ce verre. Cette fille semblait etre aussi transparente. Transparente au sens qu'elle montrait ses sentiments. Ca crevait meme les yeux dans son cas. Eiiji avala une gorgée de café. Sa gorge ne le brula pas ; peut-être, sûrement, était-il trop habitué. Ou peut-être que ça ne lui faisait plus rien, depuis le temps. Depuis qu'il avait goûté à ce qui avait pu le changer, même peu de temps. Succinctement. Héroïquement et temporairement. En somme pour pas grand chose, mais un pas grand chose qui lui manquait. Il tourna la tête. La débauche de la rousse. Elle semblait s'etre calmée. On voyait ca en tout cas. Il s'en moquait. Il avait d'autres occupations de prévues, aujourd'hui . Il risqua un regard sur le visage de l'inconnue. Elle était belle. Mais elle avait le caractère - il semblait pour Eiiji - d'un lama. Par comparaison, c'est comme si vous aviez une coupe en diamant et que dedans et que vous mettiez du coca. Ca vous bousille et la coupe, et le coca. Elle était rousse. Elle avait de beaux yeux. Un beau visage. Son corps ? Eiiji ne regarde pas le corps des gens. Enfin si. Avec Ramika. Mais ca, ce sont d'autres histoires à part, et elles sont trop amusantes pour que je vous les dise /o/

Il boit encore une gorgée. Il ne se retient pas. Il murmure, suffisament fort pour qu'elle l'entende.

▬ C'est à pleurer.

Eiiji ? Il ouvre sa gueule comme ca. De temps à autre. Quant il rencontre des gens trop pressés, énervés ou je ne sais quoi. Oui, c'ets à pleurer pour lui de voir des gens de ce style. Complètement moche.

Fais moi ca, regard blasé permanent.
Fais moi ca, geste nonchalant jusqu'à ta bouche.
A hurler du silence, sûr qu'on entend plus rien.
Cette chanson lui tape sur le système. Cette ambiance lui tape sur le système. Cette nana lui tape sur le système.
Fais moi ca, regard indifférent.
Non, toujours pas.
Arrête de hurler silencieusement au meurtre.

Le piano redémarre, encore une fois. Et le regard faussement blasé, pour une fois, se détourne de la scène. Une trompette en sourdine répondit lascivement au soyeux The way you wear your hat débutant d'une voix féminine suave à la Ella Fitzgerald.
Et Eiiji ne sait pas bien ce qu'il fait là. Avec une rousse qui veut lui exploser la figure. L'ambiance ne le gênait pas il y avait encore quelques minutes. Tant qu'il avait son verre remplie et quelques biscuits à portée de main, il n'avait pas à se plaindre. Les yeux indifférents au possible ne s'était pratiquement pas intéressés à ce qu'il se passait sur scène. Il entendait juste le vague bavardage bruyant du présentateur acclamer une nouvelle prestation sous les applaudissements. Jusqu'à ce que. Cette rousse. Il l'avait vu serrer les poings. Mauvais signe. Elle allait vouloir lui casser la figure. Un problème ? Non mademoiselle. Moi, je n'en ai aucun. Mais ce pauvre serveur surement. Elle savait ce que c'était le travail dans un bar ? La réponse était non. Enfin, peut-être non.

Piano et trompette en sourdine. Clarinettes et percussion en fond sonore.

Le regard n'a plus rien de blasé. Car ce soir, il y aura un meurtre. Une main passée dans une chevelure verte tandis que la tête se balance lentement au gré du rythme binaire de la chanson alors que ses lèvres appuyaient lascivement sur chaque mot soufflé d'une voix incitatrice à tous les plaisirs. Eiiji adorait la musique. Mais il n'allait pas ignorer l'autre lama roux. Il l'observa avec un visage souriant. Mais le genre de visage souriant qui vous apaise. Ou un peu le même visage qu'on voit lorsqu'on vous annonce une bonne nouvelle. Ou la mélancolie des souvenirs. Bref. Il l'observa donc. Elle avait l'air plus jeune que lui. Elle semblait être aussi plus petite. Elle .

▬ Tu ne serais pas à Tsubasa ?

Haha. Non ,Eiiji , il ne devine rien. Il pose la question comme ca. Bien sur, il y avait d'autres lycées dans le coin, mais il pensait d'abord à Tsubasa. Peut-être qu'il avait déjà vu. En tout cas. Il posait la question. Si elle était à Tsubasa comme lui, il mentirait. Il n'avait aucune envie qu'elle lui crève un oeil au plein milieu du réfectoire.

▬ Sinon. Je n'ai aucun problème. Mais ce serveur a du avoir une dure journée de travail.

Être éternellement neutre, voilà un truc dans lequel Eiiji Sanada excellait et encore davantage par une belle journée. Mais là. Il se demandait s'il arriverait à garder son calme face à une hystérique. Une hystérique qui était dans son lycée malheureusement. Il regarda son café et le touilla. Il continua à le touiller. Peut-être qu'elle s'énervait encore plus en ce moment. Et elle lui demandait si lui aussi était dans le même lycée. Que dire ? Mentir et vous retrouver face à la jeune fille dans le réfectoire, un jour ? Il aurait préférer ne pas la rencontrer dans un moment où il se plaisait être seul. Il ne s’attendait pas à ce qu'elle parte parce qu'il le voulait. Mais dans un autre sens, cette jeune fille n'était pas venu pour manger des manchots et boire du sang de vache.

▬ Oui.

Avalant nerveusement sa salive, il finit tout de même par répondre à la rousse, le "non" sur la bouche. Pourtant, il ne le dit pas, se retournant brusquement pour observer de nouveau la femme qui chantait. Oh non, il n’aimait vraiment pas ça. Pendant une ou deux minutes, il regardait cette femme, attrapant presque un torticolis. L’idée de rester avec cette femme à coté de lui ne l'enchantait vraiment pas. Je dirais même : ca le tuerait. Mieux valait se faire descendre son pantalon. Un petit soupir traversa ses lèvres. Il allait sans doute y passer tout compte fait. Et quand il retournerait chez ses grands-parents l'après-midi, ils le verraient défiguré.Jetant un petit regard inquiet en direction de la porte qu’il avait franchi. Il regardait avec envie ces gens qui pouvaient partir sans aucun problème.

▬ H-Hé hé... C'est vrai que j'ai pas été très tendre avec lui...

COMMENT.
C'EST QUOI
CE RETOURNEMENT.
Eiiji ne s'y attendait pas. Il retourna brusquement la tête et attrapa ce foutu torticolis. Fallait bien qu'il arrive lui. Se frottant la nuque, Il la regarda intensément. Peut-être que ce n'était pas la résurection d'un lama. Peut-être que dans une autre vie, elle avait été une pertubée mentale. Ou alors, elle avait une double-personnalité. Ou sinon, pleins d'autre chose. Il y avait dans les yeux d'Eiiji une lueur de curiosité. Pas mal. Vraiment pas mal. Elle avait un sourire gené. Tiens tiens. Maintenant qu'elle avait plus l'air d'une folle, elle avait l'air beaucoup plus présentable. La rencontre risquait d'être looongue.

▬ J'ai failli te prendre pour une folle.

Eiiji, trop sincère ? Bah oui. Mais s'il elle lui sautait dessus et qu'elle cherchait à le tuer avec une cuillère en plastique d'une marque chinoise ( bonjour la qualité, la cuillère doit fondre dans le café), il filerait à la vitesse de la lumière.

▬ Comme tu es à Tsubasa, dis-moi comment tu t'appelles.

Ho. Eiiji n'allait pas la traquer. Il n'allait pas dire à tous ces potos "Vous voyez cette fille, elle a agressé un malheureux serveur et moi après" . Il pourrait bien sur, mais il ne le ferait pas. S'il la voyait dans les couloirs, il lui dirait "salut" en l'appelant par son petit prénom. Toutes les amies de cette jeune fille lui demanderait qui il était et elle serait dans l'embaras. Mais cette situation était trop compliqué pour Eiiji. Il apprendrait son nom, s'il ne la voyait pas, il l'oublierait. Fin.

Bon okay. C'est pas une folle. C'est une fille carrément timide. Ou elle lui donne cette impression. Ou sinon. Cette meuf est complètement conne-tarée-folle-échappéedel'asiledesfous-etc.

Une moue légère sur son visage, il finit d’un coup son verre. Le liquide tiède, marron, sans bulle à présent, coula dans sa gorge, laissant derrière lui un arrière goût acide et sucrée. Une petite grimace à présent. Allez, pars. Pars maintenant. Il se fait tard, tu as fini ton verre. Vas-y. La musique est trop bien pour toi, un bourdonnement incessant résonne dans tes oreilles. Qu'attend-tu encore ici ? Accorde-moi une faveur jeune rousse, disparais. Un serveur vient. Il lui demande s'il veut autre chose. Il ouvre distraitement le menu sans regarder. Le vide. Mélangé à l'euphorie du moment. Il sourit . Eiiji n'a pas très faim.

On fait quoi ce soir Ramika ?
LA MÊME CHOSE QUE CHAQUE SOIR, EIIJI, ON VA TENTER DE CONQUÉRIR LE MONDE !

Deux tetes de cactus défoncées. Il pense à elle. Si seulement elle était venue avec lui. Ca ne serait jamais arrivé. Non, ca serait Ramika qui se serait occupée d'elle. Eiiji lui, aurait servi d'ambassadeur. Il pense à Ramika. Il sourit encore. Il allait presque oublié l'autre fille. Comment tu t'appelles ?

▬ J-Je m'appelle... Ayaka.... Ayaka Yuuki. Et... Toi ?

Je suis Dieu. Avec des cheveux verts. Je suis Père Nature. Avec des vetements citadins. Ayaka Yuuki hein. Sur le coup, tu regardes la belle avec des yeux dignes de Orlando Bloom et tu laches un " tu veux passer un moment avec moi". Eiiji n'a ni les yeux d'Orlando, ni l'envie de passer un moment. Là, sur le coup, il a plus envie de rentrer chez lui et faire la vaisselle. C'est marrant, on aurait pu tourner un film, autour d'eux. On entendrait le ACTION ! et on ferait le bordel qu'il y aurait à faire.

▬ Eiiji Sanada. Tu m'as un peu marqué là. Je crois.

It's love~ or nooot. Tu m'as marqué. Traduction. Je crois que si je te recroise un jour, je préviens la police et le dirlo de Tsubasa, je dis que t'es une immigrée, que t'es entrée illégalement dans le pays et je te vois plus jamais. C'est abusé bien sur, mais ca veut dire ca.

MAIS LA
PAR UN GESTE INEXPLIQUE
Quelqu'un d'autre s'assit à coté de lui. C'est une montagne qui s'assit. Ou qui s'effondre j'en sais rien. Eiiji pense plus à la pauvre chaise qui aurait du se casser en mille. Jor, il est tellement gros, qu'Eiiji doit se. Merde. Se décaler vers la droite. Vers Ayaka quoi. Sur le coup, il donnerait bien un coup de coude mais ca se perdrait dans la graisse.

▬ ...Hum.

▬ Il me déborde dessus.

Ça fait trois fois qu'il se fait bousculer par le pudding. Ca déborde de partout, c'est abominable. Drôle, drôle. Un sourire s'étire au coin de ses lèvres, il fouille dans le fond de ses poches de jean, extirpe de l'une d'elles un paquet de chewing gum qui doit être là depuis quelques jours. Quoi faire avec ça ? Il cherchait son briquet, lui. Saleté d'objet qui se ramasse toujours il-ne-sait-où. Si ça se trouve, on le lui a volé. Encore.

D'ailleurs, un bourrelet vient se poser sur sa tête, se créant un nid de confort dans les cheveux style « hérisson » de Eiiji. Il le laisse faire, cherchant toujours son briquet. S'il le trouve, il met le feu à cette saleté. Attendez. Ça doit être ça, l'histoire ... Son briquet doit etre dans les poches arrières. Bien qu'il ne sent rien. Il sent une odeur horrible. Eiiji est calme. Il sent quand meme une veine sur son front.

▬ Putain...

Il repense à Ayaka. Elle doit rire dans sa tete. Lui, ca le. Le tue? En tout cas, il rentre chez lui, il se rase la tete, se met du désinfectant, du javel, encore de la javel, se met du savon pour éviter d'avoir la peau du crane tout irritée et met une perruque verte. Il souffla un bon coup. Pour la peine, il fut obligé de se rapprocher d'Ayaka encore une fois. Encore un peu plus près. Eiiji ne fut s'empècher de lacher dans une lamentation :

▬ Si possible, évite de te foutre de ma gueule. Ayaka.

XTHDHGGHUU. A L'AIDE JE SUIS EN TRAIN DE ME NOYER. ON M'EMPOISONNE ! Ha non mais c'est pas possible là. Ha non mais c'est inimaginable. Eiiji, avec toute la politesse dont il était doté, avec toute la force mentale dont il était doté, ne pouvait survivre à une telle attaque. Et l'autre qui se pouffait de rire ! Elle ne riait pas, mais son visage oui. Il lui avait bien dit de pas se moquer de lui ! Aussi, pour elle, c'était difficile. Ayaka avait le balancer au lycée. Bah Eiiji préfèrait se faire attaquer par une montagne de graisse. Voilà. Et s'il elle le faisait, il la balancerait aussi. Et il en ferait bien des tonnes, rien que pour la faire chier. Comme Eiiji aurait vraiment adoré passer toute l'après-midi dans son lit à relire ses Sin City, affalé sur son lit, sous le regard attentif de Jimi Hendrix et de Kuzco, les deux empereurs suprêmes - et décoratifs . Malheureusement...Ha mais c'était incroyable comme le hasard - ou le destin - pouvait etre cruel. Ho, Ayaka, enlève ce joli petit sourire de ton visage de rousse et je t'arrache les lèvres. Ho, il savait ce qu'il allait faire.

"EH ! Gros tas d'graisse, dégages de là, tu vois pas que tu vas finir par l'étouffé ?!"

...HIIII. Ayaka qui défend Eiiji. La rousse protège le vert. Woua. Comme c'est con, ca ne sert à rien. HAHA. Eiiji souffre le martyre mais il est heureux, il voit plus le petit sourire de la belle. Mais il savait quand même ce qu'il allait faire. Il recula un peu et placa sa main sur la chaise montante de l'autre tas. Il se pencha légèrement et trouva un petit levier pour descendre la chaise. Il le leva et. La chaise descendit d'une dizaine de centimètres. HA. C'était bon de respirer. Il poussa un long soupir de joie. C'était bien, mais il fallait virer l'autre baleine. Il se retourna vers Ayaka. Qui l'avait défendu. Eiiji lui sourit - et honnetement hein - .

▬ Merci mais le mieux, c'est d'utiliser le cerveau. Je suis sur que le sien a fondu. Ou quelque chose dans ce genre.

Le cerveau ? Du genre, le mec se lève pour aller aux toilettes - il va bien les dégueulasser j'vous dis - , vous prenez un morceau de verre et vous le mettez sur sa chaise. Ou même, vous enlevez la chaise. Eiiji regarda sa tasse vide. Hum. Il se demandait bien pourquoi elle l'avait défendu. Il ferma les yeux et passa sa main dans ses cheveux. ERK. PUTAIN MAIS IL POUVAIT LES AVOIR GRAS MAINTENANT. IL POUVAIT ATTRAPER LA PESTE, LE SIDA, L'HERPES, LE CHIKUNGUNYA OU AUTRE. Mais non, il semblerait que les vêtements du monsieur étaient sains. Il plaqua quand même sa main contre le comptoir et ne l'utiliserait plus. En rentrant, il se verserait de l'acide dessus.

▬ Faudrait se débarasser de lui, mais comment. C'est le Woodsboro de la propreté.

Woodsboro, c'est le mec qui tue les gens dans Scream. Donc, en clair, ce mec c'est le meurtrier de la santé et de la propreté /o/

"Tu n'as pas une idée ?"

Que. Espèce de patate transgénique périmée. Tu me retournes la question à moi-meme. C'est...vil et mesquin. A l'aube de la 3ème Guerre Mondiale. Et voilà il 'avait suffi de peu, d'une simple envie comme ça, pour déclarer la guerre. La guerre à un truc moche, lait, dégoulinant. De toute façon sa journée n'avait pas l'air de prévoir quelque chose d'intéressant. Mais pour l'instant, il devait réfléchir. Trouver une idée. Les ombres de la salle entière valsaient avidement entre elles, prenant des formes qu’elles n’auraient jamais dû avoir un jour. C’était comme si le bonheur s’en était allé pour toujours. Des ombres sur les murs, sur les tables, sous leurs pieds à eux, dans ses pensées à lui. Partout. Il ne contrôlait seulement plus. Vraiment plus. Son désir de partir était plus grand que jamais. Non, il n'avait pas d'idée. Non, il n'allait pas s'énerver contre ce type inconnu et puant les égouts. Non, il ne changerait pas.

Eiiji se leva, éloignant les lèvres d'Ayaka de ses lèvres. Quant à elle...Elle allait bien survivre. Qu'elle reste ou qu'elle parte. Quelle importance ? Ce n'était qu'une connaissance. Il recoiffe inutilement ses cheveux courts et vert. Ayaka Yuuki. Quel plaisir de vous rencontrer. Il la regarde.

▬ J'ai la meilleure des idées. Se barrer tout simplement.

Et oui, il allait la laisser seule. Et oui, il voulait prendre l'air. Oui, il en avait ras le nez de ses odeurs puantes d'alcool, de cigarette et de bouffe. Oui, il voulait retourner dans sa chambre et s'allonger. Mais la laisser, Ayaka, seule ? Non, il ne pourrait pas. Il avait un minimum de compassion. Meme pour elle. Pour tout le monde en vérité. Non, il n'était pas cruel à ce point. Il lui tendit sa main, sans réfléchir.

▬ Soit tu crèves, soit tu pars.

Il se mordit nerveusement la lèvre inférieure, prêt à toutes les éventualités. La petite s'était abaissée à son tour, ses yeux pivotant partout sur le sol et il aurait dû se sentir soulagé de lui tendre sa main, s'il n'avait pas fait l'erreur de souffler son nom par simple maladresse.

"O-On va dehors ? Ou... A une autre table ?"

En voilà une question plus logique. L'effort était vain, à présent, il le savait bien. Réfléchir, était une chose, lui répondre en était une autre : il était, ironie du sort pour un intellectuel affirmé, comme ces guerriers profondément patriotes, loyaux ou simplement têtus qui refusaient de baisser les armes si on ne les leur arrachait pas de force. Ce n'était plus de l'espoir, mais de l'entêtement. Parce que l'espoir avait fui, loin et il y a bien longtemps. Il tourna la tete et fronça les sourcils devant le carnage devant lui. C'est qu'il avait bien envie de manger le pauvre. Mais il avait une grande envie de partir. C'est que ça le déchirait un peu trop fort.

▬ Je préfère prendre l'air.

Et ils sortaient. A l'air frais de l'après-midi. Un air frais qui tuerait un alcoolique. Cet air frais qui picotait la main d'Eiiji qui tenait toujours celle d'Ayaka. Et il le savait ce grand coquin d'Eiiji. Cet imbécile. Mais vous savez. On le prend toujours pour un grand idiot qui oublie tout en trois secondes top chrono. Mais quand Eiiji a la main gelée et qu'il tient une boule de feu, c'est dur pour lui d'oublier. Il ne le regardait pas. Non, il ne pourrait pas.
Pourtant, il avait sur son visage un sourire imperceptible. C’était ça, alors, l’envie ? Envie de s’approcher. Envie de toucher. Envie de la connaître – même avant de se connaître lui-même.

▬ On va où maintenant ?

Eiiji trépignait d'impatience, il voulait connaître la réponse à sa question précédemment posée ! Parce que oui, ca le titillait. D'autant plus lorsqu'il pose la question à ...Bref, il attendait la réponse ! Et la réponse tardée. En effet, Ayaka semblait pensive, elle ne semblait pas spécialement calme, mais pas non plus stressée.

"O-Où tu veux... P-Peut-être que tu veux rentrer chez toi et que je te laisse..."

Eiiji trouvait la réponse d'Ayaka assez... Bizarre, spéciale, comme drapée d'un voile de gene et e jeune homme ne comprenait pas ce ton dans la voix de "son amie", il ne savait donc pas comment l'interpréter. De plus l'attitude de cette rousse était, elle aussi, assez singulière. Il la regarda d'un air fatigué comme si Ayaka avait pris une éternité pour lui répondre. Il lui lacha la main et se frotta les yeux. Eiiji prit une bouffée d'air glacé.

▬ Je préfère rester ici.

Reprenant sa respiration lentement, il passa sa langue sur ses lèvres. Il la fixa dans les yeux, les bras croisées. Ses lèvres bougèrent mais aucuns sons ne daignaient en sortir.

▬ Avec toi.